Vendredi 14 novembre 1902
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Campagne-lès-Hesdin?), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)
Vendredi 14 9bre
Ma chère Marie,
Le voilà donc parti votre cher conscrit[1] et déjà le pauvre garçon a fait connaissance avec la chambrée, la gamelle et tant d’autres choses plus ou moins agréables. Damas[2] lui envoie, par ton intermédiaire, tous ses compliments, tous ses vœux de bonne réussite dans la carrière militaire et il verra, aussitôt que Robert saura où il va s’il connaîtrait quelque officier à qui le recommander, mais il en connaît malheureusement peu dans l’Infanterie.
Louis et Thérèse[3] après s’être annoncés pour ce soir nous ont télégraphié qu’ils ne rentreraient que demain et si leur Miss ne devait pas absolument partir Dimanche matin (elle aurait dû déjà partir demain) je me demande si leur retour n’aurait pas été retardé encore.
Les petites filles[4] heureusement vont très bien et paraissent très contentes : je crois qu’elles se trouvent parfaitement bien ici et s’abonneraient très bien à cette petite vie douce et facile sans travail et sans mère ou maîtresses pour les gronder. Elles sont vraiment très gentilles mais extraordinairement enfants ; elles jouent plus mieux avec Pierre et Louis qu’avec Madeleine[5].
Notre pauvre Jacques[6] traverse en ce moment une crise de désespoir complet : il est de plus en plus noyé dans sa classe, ne comprend rien aux mathématiques, n’a pas assez d’heures de travail personnel à son gré && enfin il est le plus malheureux des garçons. Son père qui a subi la même crise au commencement de sa première année spéciale le rassure et le remonte. Je tâcherai d’aller le voir au plus tôt, mais ce ne sera pas encore cette semaine !
Damas et Lucie[7] ont été hier à Saint-Omer pour l’enterrement de la pauvre Joséphine[8]. Maurice est le parrain de Lucie et Joséphine s’était toujours si particulièrement intéressée à elle que je tenais beaucoup à ce qu’elle aille à cette triste cérémonie ; j’y tenais plus encore n’y pouvant aller moi-même, mais c’est une journée fatigante étant obligée de la commencer à 4h1/2 du matin.
Je suis désolée de ne pouvoir profiter du passage d’Hélène[9] à Paris ; vraiment cela m’aurait convenu à tous égards d’y aller après-demain. Charge-toi de toutes mes amitiés pour cette bonne petite. Tu trouves Henry[10] maigrichon, il est probable que par comparaison à ce qu’il était en 7bre je le trouverais en très bon état !
Je t’embrasse ma petite Mie aimée, à laquelle je pense tant et je te charge de toutes mes amitiés pour les chers tiens, sans oublier l’absent.
Merci pour la maison de Colmar, le renseignement est très intéressant. As-tu des nouvelles des cadeaux à Th. Roger[11] ? Je n’ai reçu aucun [remerciement]
Émilie
Ne dis à personne que les Target[12] sont allés en Angleterre, c’est un grrrrand mystère, ce qui n’empêche pas Louis de correspondre avec nous par cartes postales !...
Notes
- ↑ Robert de Fréville.
- ↑ Damas Froissart.
- ↑ Louis Target et son épouse Thérèse Maugis.
- ↑ Probablement Marie (13 ans) et Françoise (11 ans) Target.
- ↑ Pierre (9 ans), Louis (7 ans) et Madeleine (13 ans) Froissart.
- ↑ Jacques Froissart, pensionnaire à Paris (probablement en mathématiques spéciales).
- ↑ Lucie Froissart et son père.
- ↑ Joséphine Dambricourt, épouse de Maurice Parenty.
- ↑ Hélène Duméril, épouse de Guy de Place.
- ↑ Henri de Place, né le 24 mars 1902, fils de la précédente.
- ↑ Thérèse Roger, nouvelle-née.
- ↑ Louis Target et son épouse Thérèse Maugis.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Vendredi 14 novembre 1902. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_14_novembre_1902&oldid=55426 (accédée le 21 novembre 2024).
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