Mercredi 19 novembre 1902
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Campagne-lès-Hesdin?), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)
Mercredi
Vite un mot, ma chérie, en attendant que Louis Target descende déjeuner ; il part ce matin et cette lettre emportée par lui t’arrivera demain. Merci de la tienne arrivée hier. Que tu es bonne et gentille de m’écrire ainsi. Vous voilà aussi dispersés, je vous plains. Tu vas être bien occupée avec les leçons de tes filles[1] ; j’ai eu aussi à m’en mêler ces jours-ci pour les petits[2], car nos cours sont recommencés, mais je l’ai bien mal fait ayant bien d’autres choses à faire au moment de partir. Thérèse[3] et ses filles[4] partent à 1h. Je suis bien contente d’avoir eu ces bons amis pendant quelques jours et j’ai vraiment joui de la société de Louis que j’ai vu beaucoup plus que Thérèse très occupée de ses filles et mettant aussi de la délicatesse à rester en haut le matin pour me laisser plus libre. Je te raconterai en détail ce séjour et mes impressions. Je suis bien édifiée par la bonté, la douceur, la patience du bon mari et mes filles[5] se félicitent de n’avoir pas une maman aussi sévère que celle de leurs petites amies ; elle est cependant animée des meilleures intentions et a des qualités très grandes et très réelles. Que de fois, cette semaine, j’ai remercié le bon Dieu de m’avoir fait grandir sous la direction de tante[6] !
J’ai de bonnes nouvelles de Jacques[7] ; je m’étais un peu tourmentée de sa main dont il s’était plaint. Le Père préfet nous rassure complètement à son sujet et qui mieux est nous dit qu’il se met à sa vie de pensionnaire « avec un cœur de Français et une joyeuse figure ». Cette petite phrase m’a fait bien plaisir et ce qu’il nous dit de son travail m’aide bien à supporter le chagrin de le sentir si loin.
Nous partons tous demain à 2h. Je suis contente d’aller retrouver Damas[8] et Michel[9], mais j’ai le cœur bien gros de quitter ma pauvre belle-mère[10]. Cela a été un si vrai bonheur pour moi de l’entourer pendant les quelques semaines que nous avons passées ici, de m’occuper d’elle, elle en a tant joui aussi, pauvre mère, car, quoiqu’elle ne pense jamais à elle, elle sent bien vivement les douceurs de l’affection.
Voilà Louis qui descend, un peu en retard comme toujours. Je t’embrasse bien vite ainsi que tes trois chères compagnes.
Émilie
Notes
- ↑ Les deux plus jeunes, Marie Thérèse et Françoise de Fréville.
- ↑ Pierre (9 ans) et Louis (7 ans) Froissart.
- ↑ Thérèse Maugis, épouse de Louis Target.
- ↑ Probablement Marie (13 ans) et Françoise (11 ans) Target.
- ↑ Lucie et Madeleine Froissart.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Jacques Froissart.
- ↑ Damas Froissart.
- ↑ Michel Froissart.
- ↑ Aurélie Parenty, veuve de Joseph Damas Froissart.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Mercredi 19 novembre 1902. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_19_novembre_1902&oldid=55461 (accédée le 21 novembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.