Vendredi 14 août 1812
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à ses parents François Jean Charles Duméril et Rosalie Duval (Amiens)
N° 213
Paris le 14 août 1812
Mes chers parents, j’avais l’espoir, jusqu’à ces derniers jours, de pouvoir vous conduire ma femme[1] et mon petit Constant pendant ces vacances ; mais notre grossesse est tellement volumineuse, quoique nous comptions au plus cinq mois, qu’à notre grand regret la prudence nous oblige à nous priver de ce plaisir. mais voici un nouvel arrangement que je propose à ma mère. je terminerais mon voyage[2] par amiens dont je partirais vers le quinze ou le vingt d’octobre en ramenant ma Mère à Paris où elle passerait trois semaines ou un mois. ce serait un moyen de lui faire faire connaissance avec mon petit garçon que je suis bien fâché de ne pas lui mener et en même temps cette petite escapade la vengerait un peu du chagrin que nous avons su qu’elle a éprouvé en n’accompagnant pas mon père dans sa tournée. voilà un projet de vengeance que nous verrions s’exécuter, ma femme et moi, avec le plus grand plaisir. mais il me faut réponse sous huit jours car de la lettre que je recevrai, dépendra l’ordre de ma course et l’époque de mon départ que je dois faire connaître à Messieurs les préfets. je n’irai cette année qu’à orléans, à Tours. peut être à Chalons – à Laon et à amiens – il n’y a rien à faire pour moi dans les sept autres Départements de l’arrondissement de cette année. car l’arrêté du ministre veut que nous alternions M. Chaussier et moi de sorte que l’an prochain j’aurai dix-sept autres départements à parcourir sil y a lieu.
je voyage en poste avec une chaise très bien conditionnée, que j’ai achetée l’année dernière. je mène avec moi un secrétaire et celui que j’ai pris est un de mes anciens élèves de l’école centrale, un sujet très distingué, qui est maintenant professeur de l’école et qui se nomme Cloquet[3]. c’est le fils d’un graveur et je crois que Reine[4] le connaît. je vous prierai de vous arranger pour lui donner un lit. je crains cependant que cela ne vous gêne et alors mandez-le moi d’avance pour que nous prenions nos arrangements.
il n’y a absolument rien de nouveau pour la pension de mon père : je ferai encore une démarche avant mon départ.
je désirerais bien que mon père ne négligeât pas ce Rhumatisme dont il est affecté. une saignée locale avec les sangsues lui aurait été bien utile dans les premiers jours et s’il se fixait de nouveau à la cuisse, des bains de vapeur et des frictions sèches pourraient très bien l’enlever. pour peu qu’il puisse marcher il faut qu’il mette du courage pour prendre de l’exercice. car la vie sédentaire avec l’habitude qu’il a de faire beaucoup de mouvements pourrait lui être très préjudiciable. les bains de vapeur sont très simples à administrer. il suffit de mettre de l’eau en évaporation sur le feu et de diriger cette vapeur sous des couvertures qui sont placées au-dessus du membre.
Notre santé est ici on ne peut meilleure. je n’ai presque pas eu de migraine cet été. et même depuis six mois par une seule qui m’ait forcé de me mettre au lit.
mille amitiés de tous à tous. Votre fils
C. D.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 3ème volume, p. 87-90)
Annexe
A Madame
Madame Duméril
Petite Rue St Rémy n° 4
À Amiens
Pour citer cette page
« Vendredi 14 août 1812. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à ses parents François Jean Charles Duméril et Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_14_ao%C3%BBt_1812&oldid=35750 (accédée le 14 octobre 2024).
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