Vendredi 10 novembre 1882

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


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Paris 10 Novembre 82.

Mon cher Papa,

Quelle joie, quel bonheur nous a causée ta lettre d’hier, cette chère petite lettre est venue me mettre en gaieté pour toute la journée, je voudrais pouvoir sauter à ton cou, mon Père chéri, et t’embrasser de tout mon cœur pour te montrer le plaisir que j’ai eu en recevant tes bonnes nouvelles. Voilà donc ta marche dans le bon chemin qui s’accentue ; nous t’avions quitté bien mieux et d’après ce que tu nous dit ce mieux augmente toujours ; tu auras peut-être encore quelques petits accrocs et quelques petites rechutes mais cela n’empêchera pas le bien de continuer ses progrès, ne te l’avions-nous pas dit, vilain papa, pourquoi te tourmentais-tu tant ?

Mais on oublie vite ce qui est passé, quelle joie de voir ton appétit revenir peu à peu ! comme je me réjouis de constater tout cela ! tu verras, mon petit Papa chéri, que ma prophétie se réalisera et que l’arrivée d’un bon petit enfant[1] bien portant et bien gentil achèvera de te guérir. Je suis si si contente de tout ce que tu m’as écrit que je serais capable de ne te parler que de cela, j’en oublie de te remercier de ta lettre mais je pense que le plaisir que je te témoigne doit te prouver déjà ma reconnaissance. Je voudrais bien avoir souvent de bonnes lettres comme celle-là.

Nous continuons tous à bien aller, Jeanne[2] n’est pas encore aussi brillante que je voudrais mais cependant elle va mieux. Hier et aujourd’hui j’ai fait pas mal de courses, je voudrais bien avancer le plus possible toutes mes petites affaires.

On vient de commencer ce matin un grand travail dans notre jardin[3] ; il y a quelques jours mes neveux[4] en jouant ont offensé enfoncé dans une petite allée comme toi jadis sur le devant ; malheureusement ce petit effondrement n’a pas pu s’expliquer comme le 1er par un égout mal fait ; il paraît que nous ne sommes qu’à 5 ou 6 mètres au-dessus d’anciennes carrières et l’architecte que le propriétaire[5] a fait venir craint qu’il n'y ait eu quelque tassement ; pour s’en assurer on commence au milieu de notre gazon (entre les 2 pavillons) un puits qui semble devoir être profond. C’est assez intéressant à regarder pour les lprop locataires mais je suis sûre que le pauvre M. Cauderon ne trouve pas cela drôle surtout si on découvre que des travaux sont nécessaires. Je n’y vois plus, mon Père chéri, et je veux cependant que ma lettre parte.

je t’embrasse donc de tout mon cœur comme je t’aime, mon cher, cher Papa.

ta fille

Marie


Notes

  1. Marie est enceinte ; Robert de Fréville naîtra en décembre.
  2. Jeanne de Fréville.
  3. Le jardin du pavillon de la rue Cassette.
  4. Les enfants Barbier de la Serre : Louis, Étienne, Maurice et René.
  5. Émile Cauderon.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Vendredi 10 novembre 1882. Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_10_novembre_1882&oldid=43249 (accédée le 18 décembre 2024).

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