Vendredi 10 juin 1881
Lettre de Marie Mertzdorff, avec une note de son époux Marcel de Fréville (Paris) à leur père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Vendredi
Mon cher Papa,
Je ne veux pas t’expédier la petite note de Marcel[1] sans y joindre aussi un mot d’amitié, donc quoique je n’aie rien de nouveau ni de particulier à te dire, me voici auprès de toi. Je me demande si tu as déjà commencé tes courses à Wattwiller et j’espère presque que non car le temps est loin d’être engageant et j’ai gardé mauvais souvenir d’un bain pris par la pluie. Ici la température a bien changé depuis quelques jours nous avons eu de l’eau et beaucoup de vent ; aujourd’hui le soleil reparaît mais il y a encore bien des nuages au ciel et il ne fait pas chaud ; malgré tout je vais faire sortir Jeanne[2]. Ma petite chérie continue à se bien porter quoique toujours un peu enrhumée du cerveau, elle tête bien et est fort sage ; bonne-maman[3] en est très contente et a pour l’endormir un succès merveilleux ; il suffit que la petite soit dans les bras de sa grand-mère pour fermer les yeux.
Hier j’ai été avec bébé chez ma belle-mère[4] et chez Louise[5], cette dernière va mieux et recommence à sortir. Mercredi je t’avais annoncé que j’allais faire ma tournée de visite mais de nouveau [Rollinger] a fait faux bond, mon chapeau blanc est rentré dans sa boîte et va en ressortir aujourd’hui avec plus de succès j’espère. Ce qui m’ennuie c’est que Émilie[6] viendra sans doute voir ses grands-parents[7] pendant que je serai absente et j’aurais bien pu profiter aussi de sa visite. Mercredi nous avons dîné au Jardin ; Marcel et Jean[8] sont sortis le soir et ont eu le bonheur de tuer 14 rats ! La semaine prochaine on aura tous les Brongniart[9] et M. Cornu[10] aussi nous irons certainement mais par un fait exprès nous avons déjà eu 2 invitations à dîner pour ce même jour.
Je pense que tu comprendras le petit papier que Marcel me charge de t’envoyer ; il m’a bien expliqué ce que c’était mais je n’en ai pas retenu grand chose ; si tu voulais bien, mon Père chéri, tu pourrais faire le chèque de 2 000 F de plus que Marcel ne te demande ce serait pour notre loyer de Juillet (c’est ton tour) et Marcel voudrait pouvoir payer le terme le 1er au lieu du 25 avant de partir. Au contraire en Octobre il ne paierait que le 1er Novembre à notre retour.
Bon-papa et bonne-maman vont bien, ils ont reçu ce matin la lettre d’oncle Léon et la tante M.[11] dont ils les remercient. Ce qui m’ennuie c’est que je trouve qu’oncle Léon a bien mal choisi son moment pour aller à Cauterets c’est désolant ! n’y aurait-il pas moyen d’arranger cela autrement ?????
Adieu Père chéri, je t’embrasse de toutes mes forces comme je t’aime.
Ta fille Marie
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Action de Châtillon-Commentry
Touché intérêts du mois de Mars ....................788,12
Vendu 65 actions (frais déduits) 29 937,55
...................................................13 338,05
Dernière vente 3 Juin..................23 629
...................................................................66 904,60
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Dû en tout : 1030 ..................................... 67 692,72
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Les actions des Magasins Généraux subissent depuis quelque temps un mouvement de hausse. J’ai cru devoir aller jusqu’au prix ce 610 F, et même (mais pour 6 seulement) au prix de 615 F.
Cette petite augmentation sur le prix de 600 F que j’avais espéré pouvoir ne pas dépasser, sera compensée par le coupon qu’on va détacher 1er Juillet.
Ce soir 9 Juin, j’ai déjà, après plusieurs achats, plus de 90 actions. Prière de m’envoyer un chèque de 6 200 F pour régler l’achat, dès qu’il sera complet.
Je vous envoie en échange mes meilleurs souhaits et mes respectueuses amitiés.
votre dévoué fils
[M de Fr]
Notes
- ↑ Marcel de Fréville, époux de Marie Mertzdorff.
- ↑ Sa fille Jeanne de Fréville.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Sophie Villermé, veuve d'Ernest de Fréville.
- ↑ Louise de Fréville, épouse de Roger Charles Maurice Barbier de la Serre.
- ↑ Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril («bon-papa et bonne-maman»).
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Probablement Édouard Brongniart, son épouse Catherine Simonis Empis et leurs deux enfants : Charles et Jeanne Brongniart.
- ↑ Maxime Cornu futur époux de Jeanne Brongniart.
- ↑ Léon Duméril et son épouse Marie Stackler.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Vendredi 10 juin 1881. Lettre de Marie Mertzdorff, avec une note de son époux Marcel de Fréville (Paris) à leur père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_10_juin_1881&oldid=42540 (accédée le 21 novembre 2024).
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