Dimanche 6 juin 1869 (B)

De Une correspondance familiale


Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Paris)


original de la lettre 1869-06-06B pages2-3.jpg


Dimanche

Ma chère petite amie

10 h soir ! je ne pensais plus t'écrire, mais comme tu recevras demain une dépêche qui retarde mon arrivée d'un jour, je tiens à faire partir ma lettre demain matin 6 h, voyageant le jour, elle t'arrivera peut être quelques heures plus tôt.

Ce soir après mon souper je fumais tout seul un cigare, lorsque le garde de nuit vient chercher M. le Maire pour une opération peu agréable & qu'il n'avait jamais faite. Un homme[1] s'est pendu dans le grenier d'une maison, il s'agissait d'aller le dépendre & constater sa mort. Je rentre à l'instant de faire tout cela, faire le nécessaire pour la nuit & demain le procès-verbal & quantité de formalités que je ne connais pas ; m'empêcheront probablement de partir.

Le mal n'est pas bien grand c'était un vieil ivrogne, qui ne laisse pas de famille.

Bien entendu, faire se peut que je t'arrive avant la présente.

Tu embrasseras bien fort mes enfants[2] & me pardonne de ne pas te donner d'autres détails. Ceux-là sont déjà de trop !

Thérèse[3] ne va pas plus mal, chaque fois que je la demande elle me répond cela va mieux ; mais sa mine ne revient pas.

Avant-hier M. Conraux est venu la voir, je ne l'ai pas vu, mais & il n'a pas voulu donner de grands détails à Mme Heuchel[4] que j'ai vue cet après-dîner.

L'oncle est toujours dans le même état, il ne souffre plus autant, mais ne peut se tenir sur ses jambes ; il reste continuellement couché sur le même côté. Il a un peu maigri mais n'a pas mauvaise mine.

Voilà que je me remets un peu. il suffit de causer un petit peu avec sa petite bien-aimée & cela fait toujours du bien.

J'ai passé mon Dimanche tout seul à la maison, j'étais après mon dîner chez l'oncle, puis à Thann chez les Henriet qui sont à Wattwiller. j'y ai laissé ma carte, & rentré. à 3 ½ h j'étais un instant à la Montagne. Je suis sans nouvelles de Morschwiller[5] ils savent que je dois quitter Lundi, cependant j'écrirai encore.

Encore un bec & tout à toi

Charles Mertzdorff


Notes

  1. Antoine Henri Ley.
  2. Marie et Emilie Mertzdorff.
  3. Thérèse Gross.
  4. Probablement Elisabeth Schirmer, épouse de Georges Heuchel (« l’oncle »).
  5. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité vivent à Morschwiller.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 6 juin 1869 (B). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_6_juin_1869_(B)&oldid=60021 (accédée le 27 avril 2024).

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