Samedi 7 et dimanche 8 juillet 1877

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)

original de la lettre 1877-07-07 pages 1-4.jpg original de la lettre 1877-07-07 pages 2-3.jpg


Samedi 7.[1]

Ma chère Marie

J’espère bien que ta sœur[2] aura reçu ma lettre de Mercredi, vous donnant quelques détails de la noce[3]. Depuis je n’ai vu personne des Henriet, je sais que leurs cousins Lejeune sont encore avec eux à Vieux-Thann, mais je n’ai pas de nouvelles autres. Les jeunes époux doivent être à Paris & Jeanne se propose d’aller vous voir au Jardin ; mais je ne pense pas que son mari soit grand visiteur.

tante Marie[4] est toujours au Vieux-Thann où elle s’acclimate peu à peu, mais il paraît que sa mère[5] a peine à être seule chez elle. Elle doit ce mois-ci encore aller au bain en Suisse. Votre petite tante n’a toujours pas une mine qu’on voudrait lui voir, il y a des jours où elle ne mange pas & avec cela elle est trop allumette. Hier elle a passé une partie de son après-midi chez les Berger où elle a trouvé les Gast. & Madame Meunier[6], elle a pris part à une partie de croquet très animée, toutes ces dames & même M. Berger[7] y ont pris part. Il paraît que Mme Meunier est très gaie aussi était-il 7h passé lorsque Marie est rentrée. Mme Léonce[8] est, ou va aller, à un bain de mer & viendra passer Août, 7bre, à Vieux-Thann & très probablement Mme Deguerre[9] avec son bébé[10]. Tu vois que la maison sera bien garnie & vos amies[11] vont passer de bonnes vacances.

MmeMarie prétend que la semaine prochaine elle va commencer à emménager dans son nouveau logement, mais il n’est pas achevé, le tapissier a encore tout à faire, les peintres n’ont pas encore fini. Je crois que sa mère viendra pour ce moment à Vieux-Thann pour 2 à 3 jours.
Peux-tu croire que Marie n’a pas encore voulu se faire entendre au Piano, cependant je l’ai entendue du bureau & certainement elle joue très bien. Le soir après souper l’on descend toujours un instant au Jardin puis l’on s’installe au billard où l’on reste assez généralement jusqu’après 10h.

à Wattwiller d’où je t’écris je trouve M. Zurcher & quelques vieux de Mulhouse & là aussi l’on bavarde fort tard & c’est un peu pour cela que je ne passe plus mes soirées avec vous & que pour vous écrire il faut que je trouve un moment dans la journée, aussi mes lettres se confectionnent en plusieurs étapes.

Voilà Wattwiller qui se peuple un peu, bien doucement à la vérité, mais il paraît qu’en Suisse comme à tous les bains il y a fort peu de monde, ce sont des plaintes générales ; & cependant le temps est admirable, hier matin nous avions une petite pluie, juste suffisante pour adoucir la chaleur & n’empêchant pas du tout à rentrer les foins qui sont abondants.

Je t’ai quittée hier au soir assez tard & ce matin quoique rentré à 8 ¼ il ne m’a pas été donné de continuer mon griffonnage, il est midi.
En rentrant je n’ai plus trouvé ni Léon ni sa femme[12] ils sont allé à Mulhouse hier au soir par le train de 8 ½ h. Je ne m’y attendais pas du tout & Thérèse[13] m’a dit que Marie n’a absolument rien mangé le soir à souper. pourvu qu’elle ne soit pas souffrante, elle est déjà si maigre & a l’aspect si misérable la petite pauvrette.

Je ne puis donc plus rester longtemps avec toi grâce à des comptes de fin de mois.

Embrasse bien tout le monde & crois-moi ton affectionné
ChsMff

Je viens de recevoir ta bonne petite lettre qui m’a fait le plus grand plaisir je vois que votre Oncle[14] ne pas trop mal, ce qui est toujours une bonne nouvelle.
Je suis un peu fatigué de ma saison de bains, mais vais parfaitement bien je n’ai pas encore fait l’addition de mes ablutions mais je dois être à la ½ de ma saison.
Il y a un peu plus de monde à Wattwiller. Mon Oncle Georges[15] m’écrit qu’ils sont très bien installés à Luxeuil[16] mais qu’il n’y a que le ¼ des baigneurs habituels, ils vont bien & sont parfaitement installés grâce à Mme Gerspach[17] qui a soigné pour leur logement, elle y est pour sa santé.


Notes

  1. Papier avec monogramme : CL enlacés.
  2. Emilie Mertzdorff.
  3. Le mariage de Jeanne Henrietavec Paul Baudry.
  4. Marie Stackler, nouvelle épouse de Léon Duméril (« MmeMarie »).
  5. Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
  6. Ida Dollfus épouse de Charles Joseph Meunier.
  7. Louis Berger.
  8. Julie André, épouse de Léonce Berger.
  9. Marie André, épouse d’Antoine Albert Deguerre.
  10. André Deguerre.
  11. Hélène et Marie Berger.
  12. Léon Duméril et Marie Stackler.
  13. Thérèse Neeff, cuisinière chez Charles Mertzdorff.
  14. Alphonse Milne-Edwards.
  15. Georges Heuchel, avec son épouse Elisabeth Schirmer.
  16. Luxeuil-les-Bains en Haute-Saône.
  17. Joséphine Bertsch, veuve de Joseph Gerspach.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Samedi 7 et dimanche 8 juillet 1877. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_7_et_dimanche_8_juillet_1877&oldid=35654 (accédée le 2 novembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.