Samedi 6 octobre 1792 (A)

De Une correspondance familiale

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens)

lettre du 6 octobre 1792 (A), recopiée livre 1 page 100.jpg lettre du 6 octobre 1792 (A), recopiée livre 1 page 101.jpg lettre du 6 octobre 1792 (A), recopiée livre 1 page 102.jpg


N° 38

Rouen ce 6, 8bre 1791

1e année de la République[1]

Papa,

Le premier pas est fait... je m’y accoutumerai. Mes moments sont maintenant comptés et ceux que je donne à madame Thillaye sont bien courts. Connaissez l’emploi de mes journées. Je vais à l’hôpital à 7 heures du matin, j’en reviens à neuf heures 1/2 quand je ne suis pas de garde, car alors j’y reste jusqu’à huit du soir. L’après dîner je pars à quatre heures et je reviens à sept.

Rien de nouveau ici, comme vous m’aviez donné permission d’acheter des livres j’en ai pris pour trente et tant de livres, chez Mme Thillaye, et M. Yvelin s’est bien voulu charger de m’en acheter un, ce dont je l’avais prié ; il l’a fait, mais quand j’ai voulu le rembourser il m’a dit qu’il ne s’était chargé de l’emplette que pour avoir le plaisir de me donner le premier livre et qu’il espérait le bien placer. C’est un ouvrage de 14ll. Comme on mange ici de très mauvais pain et d’une seule espèce, qu’on ne délivre le pain blanc qu’aux malades, je lui ai parlé des craquelins pour mettre dans le lait, cette pâtisserie n’est pas connue ici ; il m’a paru qu’il lui ferait plaisir d’en avoir. Faites en sorte de m’en faire passer, avec une douzaine ou deux de biscuits d’Abbeville. Ce serait un moyen de reconnaître cette générosité. J’en donnerais aussi à Mme Thillaye dont la petite est malade.

Je vous embrasse. J’écris à maman[2] peut-être ai-je oublié de vous dire quelque chose mais ça viendra.

Et bien le voilà : Me faut-il un certificat de résidence de la municipalité de Rouen ? ne m’oubliez pas pour les pièces que je vous ai demandées, mes quinze jours datent du 29 7bre.

Votre fils Soumis

Constant Duméril


Notes

  1. Un décret de la Convention fait commencer la première année de l’« Ère des Français » le 22 septembre 1792 de l’« ère vulgaire ».
  2. Rosalie Duval.

Notice bibliographique

D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 100-102

Pour citer cette page

« Samedi 6 octobre 1792 (A). Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_6_octobre_1792_(A)&oldid=35649 (accédée le 26 avril 2024).

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