Samedi 30 juin 1917

De Une correspondance familiale

Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Brunehautpré) à son fils Louis Froissart (Paris)

original de la lettre 1917-06-30 pages 2-3.jpg original de la lettre 1917-06-30 pages 1-4.jpg


Brunehautpré, 30 Juin

Mon cher Louis,

Hélène[1] vient d’arriver avec ses filles[2] qui me paraissent malheureusement encore un peu glapissantes, je croyais que les réformes apportées par la bonne éducation de Livet plus radicales. Mais j’aurais tort de juger en une heure ; je te redirai mon avis dans quelques jours.

Michel[3] a conduit ce matin ton papa[4] à Dommartin avec l’auto. Sa moto n’était pas de saison, car il pleut, car ton papa a des rhumatismes et enfin parce que la moto n’est pas tout à fait en état. D’ailleurs où aurait-on mis les pigeons, le beurre, les œufs ? Il y a encore une autre raison, c’est que Michel ne peut en user beaucoup ; la fatigue arrive si vite encore ! vraiment ses progrès sont bien lents et je crains qu’il ne soit guère capable de retourner au front à la fin de son mois !

Hier séance au Ménage pour la construction d’une charpente à la place de la terrasse. Ronfort[5] est arrivé péniblement dans une voiture de louage d’Hesdin, plus essoufflé et plus infirme que jamais, une ruine ! il avait convoqué une autre ruine, Trupin qui marche à béquilles et, heureusement, Grémont, le charpentier qui s’est trouvé seul avec ton papa à pouvoir faire l’ascension de la terrasse, encore celui-ci avait-il un rhumatisme au genou !

Je t’ai envoyé à Paris les lames de rasoir que je n’avais pu retrouver au moment de partir ! elles étaient cependant sur la table de ma chambre !...

Nous avons eu hier soir la visite d’un Lieutenant surveillant des prisonniers de la région qui fait de longues tournées à bécane pour visiter tous ses cantonnements du Pas-de-Calais. Il a dîné et couché ici.

On parle d’aller chercher les bagages d’Hélène, je clos donc bien vite ma lettre en t’embrassant tendrement.

Emy

Et ton examen ?


Notes

  1. Hélène Duméril, épouse de Guy de Place.
  2. Anne Marie (16 ans) et Jeanne (9 ans) de Place.
  3. Michel Froissart, frère de Louis.
  4. Damas Froissart.
  5. Alfred Ronfort, architecte.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Samedi 30 juin 1917. Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Brunehautpré) à son fils Louis Froissart (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_30_juin_1917&oldid=56661 (accédée le 28 avril 2024).

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