Samedi 29 septembre 1792

De Une correspondance familiale

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens)


N° 36

Rouen ce 29 7bre 1792

1er De la République Française[1]

Papa,

Mes frères sont-ils partis ? partiront-ils ?[2] réponse dans votre première, je vous prie.

J’ai encore été ce matin chez le chirurgien en chef de l’Hôtel-Dieu[3], celui qui sera mon maître, il m’a reçu avec les plus grands témoignages d’intérêts. Il m’a dit que rien ne serait négligé pour mon instruction ; que si, jusqu’ici nous n’avions été que liés, nous serions amis par la suite ; il m’a conseillé de passer au bureau de l’Hôtel-Dieu et d’y solliciter une place de suite, ce que j’ai fait. La place m’a été accordée, à condition que dans le délai de quinze jours je produirais les trois pièces suivantes :

1er Mon acte de Baptême

2e Votre consentement.

3e Certificat de bonne vie et moeurs.

- Quant à la première, nulle difficulté à ce que je pense.

- Pour la seconde ajoutez à la réponse que vous voudrez bien me faire à celle-ci, une demi-feuille, sur laquelle vous me donnerez le suivant :

Je consens que mon fils C.D. âge de etc., et lui ai donné le présent pour lui servir en tant que besoin.

J’ai eu la bêtise de ne pas demander de qui ce certificat de bonnes mœurs. Je m’imagine que c’est du curé. Au reste je vous prie de faire pour le mieux, Et de me faire passer ces trois pièces par la poste, si M. legendre ne vient pas à Rouen avant ce temps.

J’ai reçu le paquet par M. Cézille ; je répondrai par la même occasion à maman[4] que j’embrasse en attendant ; ainsi que vous et toute la famille.

Adieu ; puisse cette lettre vous trouver plus tranquilles que lorsque vous m’écrivîtes votre dernière. Je vous embrasse.

Votre fils soumis

Constant Duméril

Madame Thillaye me charge de vous dire quelque chose pour elle, ce que je fais.


Notes

  1. Un décret de la Convention fait commencer la première année de l’« Ère des Français » le 22 septembre 1792 de l’« ère vulgaire ».
  2. Les armées étrangères ont investi Verdun le 30 août 1792 ; la Commune déclare « la Patrie en danger » (2 septembre) et la défense nationale reçoit une nouvelle impulsion. L’action s’est engagée à Valmy le 20 septembre.
  3. Jean Baptiste Laumonier.
  4. Rosalie Duval.

Notice bibliographique

D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 98-99

Pour citer cette page

« Samedi 29 septembre 1792. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_29_septembre_1792&oldid=35576 (accédée le 19 mars 2024).

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