Samedi 27 septembre 1800, 5 vendémiaire an IX

De Une correspondance familiale

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)

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n° 128

Paris le 5 Vendémiaire an 8[1]

il y a erreur, c’est l’an 9

Maman, je suis arrivé hier ici à 10 heures du soir. Mon voyage a été très agréable et ma santé toujours excellente. J’ai traversé la mer du Havre à Honfleur. Presque tous les passagers ont été malades parce que la mer était très grosse, j’ai éprouvé seulement quelques nausées plutôt par le dégoût et l’odeur qui m’environnait que par l’effet du roulis. je ne m’étais jamais figuré que le mouvement d’un vaisseau pût être aussi effroyable à considérer au milieu des vagues.

Nous nous étions un peu exposés car le capitaine qui devait nous conduire avait refusé et ce fut un autre qui s’empara du gouvernail. la traversée ne fut que de sept quart d’heure. J’ai vu les beaux bassins du Havre et les vaisseaux nombreux qui y sont actuellement mouillés. j’ai eu occasion de voir l’intérieur de plusieurs. J’ai trouvé là beaucoup de personnes de connaissances qui partent dans l’expédition des mers du sud sur la frégate la Géographe et la corvette le Naturaliste[2]. J’ai ramassé un très grand nombre d’animaux. quatre de mes camarades de voyage m’ont laissé à Rouen, le 5e complémentaire. J’ai reçu de cette ville l’accueil le plus flatteur et le plus honorable.

Je n’ai point vu Auguste[3] encore. je vous écris de chez Duméril que j’attends. Je vous embrasse et toute la famille. Rappelez-moi au souvenir de toutes les personnes dont j’ai reçu des honnêtetés.

Votre fils C. D


Notes

  1. Il s’agit en fait de l’an IX, comme le signale la mention d’une autre écriture portée en dessous.
  2. En 1800, en concurrence avec les Britanniques, le Directoire organise une expédition afin de cartographier les côtes de l’Australie et de la Nouvelle-Guinée. L’expédition est menée par les capitaines Nicolas Baudin (1754-1803) sur Le Géographe et Jacques Félix Emmanuel Hamelin (1768-1839) sur Le Naturaliste. Parmi les membres se trouvent les naturalistes François Péron (1775-1810), Jean Baptiste Leschenault de la Tour (1773-1826), René Maugé de Cely, Stanislas Levillain (1774-1801), Jean Batiste Bory de Saint-Vincent, Désiré Dumont ; le peintre naturaliste Charles Alexandre Lesueur (1778-1846) ; le chirurgien Pierre François Keraudren (1769-1858) ; le minéralogiste Joseph Charles Bailly ; des astronomes et cartographes. L’expédition revient en 1804 avec des collections de spécimens dont Cuvier a fait ressortir l’importance.
  3. Auguste (l’aîné) et Jean Charles Antoine dit Duméril, frères d’André Marie Constant Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 80-81)

Annexe

A Madame

Madame Duméril

petite rue Saint Rémy N° 4804

A Amiens

Pour citer cette page

« Samedi 27 septembre 1800, 5 vendémiaire an IX. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à sa mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_27_septembre_1800,_5_vend%C3%A9miaire_an_IX&oldid=35551 (accédée le 21 novembre 2024).

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