Samedi 20 mai 1843

De Une correspondance familiale

Lettre d’Auguste Duméril (Bruxelles) à sa mère Alphonsine Delaroche (Paris)


d’André Auguste Duméril.

Bruxelles samedi 20 Mai 1843.

Je pense, ma chère et bonne petite mère, que tu seras bien aise de recevoir quelques lignes de nous, pendant notre séjour en Belgique[1]. Tu dois savoir d’abord qu’Eugénie et moi, nous nous trouvons parfaitement heureux, et que, tous les trois, nous nous portons à merveille, et jouissons beaucoup du voyage. Papa a de l’entrain, et paraît heureux d’être notre Mentor.

Nous avons été parfaitement reçus à Alost, par M. et Mme Cumont[2]. Cette dernière est une femme tout à fait distinguée, et que j’aime beaucoup déjà, parce que ma chère petite femme a pour elle une très vive affection, que justifient bien la bonté de cette tante, et la distinction de son esprit. Avant-hier jeudi, il y a eu, chez M. Cumont, un grand dîner, qui a été agréable. Nous sommes arrivés à Bruxelles hier vendredi, entre 10 et 11 heures du matin, nous avons vu beaucoup de choses intéressantes, dans la ville : à 4 h ½, nous avons fait un excellent dîner à table d’hôte, et nous avons passé une agréable soirée au théâtre, où jouait Achard[3] du Palais-Royal.

Ce matin, papa est sorti avant nous : il a été visiter la Poissonnerie, qui est fort belle : nous avons déjeuné avec lui, à 10 heures ; nous sommes sortis depuis, et nous profitons d’une visite que papa fait, en ce moment, au possesseur d’une belle collection d’insectes, pour t’écrire, et pour écrire à Lille[4]. Nous partons à 7 h ¼ pour Anvers, où nous passerons la journée de demain. Nous pensons bien ne pas dépasser les 11 jours de notre itinéraire.

Nous sommes bien impatients de savoir comment se sera passée la semaine qui vient de s’écouler, et de savoir jusqu’à quand tu seras restée à Lille.

Je dois cependant avouer que nous oublions un peu Lille : nous préférons ne pas trop songer aux scènes pénibles qui s’y sont passées. Nous t’écrirons de Lille, Eugénie et moi.

Nous espérons que ton retour à Paris se sera fait très heureusement, et je suis bien persuadé que quand cette lettre arrivera, elle te trouvera occupée de tes deux enfants, qui t’envoient leurs tendres embrassements.

Adieu, ma chère petite maman

A Auguste Duméril.

Papa t’embrasse, et se joint à nous, pour envoyer mille amitiés à Constant[5].


Notes

  1. Après leur mariage à Lille, le 15 mai, Auguste et Eugénie Duméril font un voyage en Belgique, en compagnie d’André Marie Constant Duméril.
  2. Jean Charles Cumont et Jeanne Declercq, oncle et tante maternels d’Eugénie.
  3. Pierre Frédéric Achard (1808-1856), acteur, joue au théâtre du Palais-Royal à Paris depuis 1834.
  4. Les parents d’Eugénie Duméril vivent à Lille.
  5. Louis Daniel Constant Duméril, frère d’Auguste.

Notice bibliographique

D’après le livre de copies : lettres de Monsieur Auguste Duméril, 2ème volume, p. 395-397

Pour citer cette page

« Samedi 20 mai 1843. Lettre d’Auguste Duméril (Bruxelles) à sa mère Alphonsine Delaroche (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_20_mai_1843&oldid=57213 (accédée le 21 novembre 2024).

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