Samedi 17 avril 1880

De Une correspondance familiale


Lettre d’Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris) à Marie Mertzdorff et son époux Marcel de Fréville (en voyage de noces à Launay-Nogent-le-Rotrou)

original de la lettre 1880-04-17 pages 1-4.jpg original de la lettre 1880-04-17 pages 2-3.jpg


samedi
17 avril[1]

Mes chers Enfants,

C’est à vous deux que je m’adresse aujourd’hui pour vous remercier de votre si affectueuse lettre qui nous a fait tant de plaisir ; nous sommes bien heureux mais nullement étonnés de votre bonheur ; vous croyez même en cet instant être au moment le plus beau de votre vie, et vous aimer autant que possible ; en effet vous traversez une époque charmante qui vous laissera de bien doux souvenirs ; mais ce n’est que le commencement de votre bonheur, chaque jour, sans vous en douter, votre tendresse l’un pour l’autre augmentera d’une telle sorte que vous en serez tout étonnés car vous êtes dignes l’un pour l’autre et bien faits pour vous apprécier. Ce beau temps nous réjouit il doit rendre bien agréables vos promenades solitaires et donner un charme tout particulier à la campagne.

Pour vous ramener un peu aux choses prosaïques je vous parlerai appartement[2] ; nous avons reçu hier une lettre de l’architecte demandant les papiers pour décider la teinte des peintures ; je lui ai de suite répondu qu’on les porterait dès aujourd’hui au pavillon et qu’il pourrait Lundi mettre autant de peintres qu’il voudrait afin que les travaux marchent vite. Je suis allée chez le marchand de papiers, mais il ne peut pas faire le dessin du premier papier choisi pour le salon de la nuance or du second ; l’effet ne serait pas joli à cause de beaucoup de choses qu’il m’a expliquées et dont je vous fais grâce. Aussi vais-je aller boulevard des Capucines et ailleurs chercher si on ne pourrait pas trouver ce qui conviendrait pour votre salon. Lorsque j’aurai vu, je soumettrai la chose au tapissier et à l’architecte pour ne pas prendre une responsabilité aussi grave. J’ai commandé matelas, traversin & oreillers ; je compte Lundi aller acheter plusieurs objets de cuisine avec bonne-maman Duméril[3] dont le conseil est excellent.
J’ai écrit à Leroy pour lui dire de conserver les [15 mètres] d’étoffe pour les [fenêtres] du petit salon qui sont commandés et je l’ai en même temps prié de terminer rapidement les tentures afin de pouvoir venir les poser aussitôt les peintures du petit salon terminées. J’ai également écrit à Chambry[4] d’envoyer à Audoynaud et à Morin la nuance de ton buffet afin que tout se fasse rapidement. Ce sera  un petit coup de fouet pour qu’ils ne s’endorment pas tous trois sur leurs chaises, fauteuils et dressoir. Il faut que je vous avoue bien bas, mes chers enfants, que je pense fort peu à tous ces meubles & papiers qui ont l’air [de tant m’occuper !] Mais qu’il y a deux chères personnes que j’aime beaucoup que je serai heureuse de voir bien installées et vivre joyeusement dans leur nouveau petit nid. Sur ce je vous dis adieu et vous charge de vous embrasser l’un l’autre de notre part.
AME

Votre petite Emilie[5] va bien, nous allons aller chez [ ] [au cours d’Anglais]. Votre cher père[6] et votre oncle[7] vous envoient toutes leurs affections


Notes

  1. Papier à monogramme AE.
  2. Le pavillon de la rue Cassette.
  3. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
  4. Louis Chambry, ébéniste d’art au Faubourg Saint-Antoine (fin XIXe-début XXe).
  5. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  6. Charles Mertzdorff.
  7. Alphonse Milne-Edwards.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Samedi 17 avril 1880. Lettre d’Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris) à Marie Mertzdorff et son époux Marcel de Fréville (en voyage de noces à Launay-Nogent-le-Rotrou) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_17_avril_1880&oldid=61067 (accédée le 10 octobre 2024).

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