Mercredi 21 avril 1880
Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (en voyage de noces à Launay-Nogent-le-Rotrou) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Launay 21 Avril 80
Mon cher Papa
Je viens d’apprendre par une lettre d’Emilie[1] que tu es parti hier soir pour Vieux-Thann c’est donc là-bas que je vais aller te faire ma petite visite ; pour la 1ère fois Mme de Fréville[2] va faire son entrée à la maison en attendant qu’elle aille bientôt elle-même avec son cher mari dire un petit bonjour à l’Alsace et à ses habitants ; personne en voyant cette enveloppe avec ma vieille écriture ne pensera que ce n’est pas Marie Mertzdorff qui a signé la lettre et de même mon Père chéri, en revoyant ta fille tu constateras que c’est bien toujours la même petite Marie qui ne change pas mais qui seulement a avec elle un bon petit mari qu’elle aime bien et qui la rend extrêmement heureuse ; voilà que je me lance sur un chapitre intéressant et je pourrais écrire longtemps si je voulais tant soit peu entreprendre de te raconter mon bonheur ; mais tu le devines, mon cher Papa sans que te le dise et je suis sûre que la pensée que ta fille est contente au-delà même de ses prévisions te fait plaisir et t’habitue bien à l’idée de la voir mariée.
Nous continuons à mener une douce existence bien calme et bien agréable ; nous sommes assez paresseux ; nous sortons 2 ou 3 fois par jour ; Marcel travaille dans l’après-midi et c’est le moment que j’emploie à écrire et à coudre ; le soir nous lisons ensemble et notre temps s’envole ainsi d’une manière effrayante ; 8 jours déjà que nous sommes mariés !
Lundi nous avons fait une très jolie promenade en voiture sur la route de La Ferté-Bernard et nous avons visité au Theil une fabrique de papier à cigarettes ce qui nous a intéressés.
Le temps continue à être superbe ; hier nous craignions un peu l’orage mais les nuages se sont dissipés juste au moment où nous voulions sortir ; il semble que le ciel et la nature comprennent toutes nos pensées et cherchent à se mettre à l’unisson. La campagne est magnifique je suis sûre qu’il en est de même à Vieux-Thann.
Je me réjouis bien de recevoir ici une lettre de toi, mon petit Père, car je voudrais savoir si ton voyage ne t’a pas trop fatigué et si tu souffres encore de tes maux d’estomac.
Adieu Papa chéri, je t’embrasse du fond de mon cœur. Marcel se joint à moi pour t’envoyer toutes ses respectueuses amitiés.
Ta fille Marie de Fréville
As-tu bien fait comprendre à cousine Elise[3] que tu ne te souciais pas d’elle [ ] de Mai.
Notes
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Marie Mertzdorff, tout juste marié avec Marcel de Fréville.
- ↑ Elisabeth Mertzdorff, épouse d’Eugène Bonnard.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mercredi 21 avril 1880. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (en voyage de noces à Launay-Nogent-le-Rotrou) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_21_avril_1880&oldid=35044 (accédée le 15 novembre 2024).
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