Samedi 16 juillet 1887

De Une correspondance familiale

Lettre de Sophie Villermé, veuve d'Ernest de Fréville (Paris) à sa belle-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou)


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Paris 16 Juillet 87

Ma bonne Marie,

Il me semble, (sous un rapport seulement) ne pas vous avoir quittée car mes pensées sont exactement les mêmes. Je suis sans cesse occupée de votre douleur[1], de celle de votre pauvre oncle[2] et je me plais à repasser dans mon cœur tous mes souvenirs relatifs à votre chère tante. Je la vois, je l’entends… et je retombe pour retourner de nouveau vers ce passé si près de nous ! Bien peu de personnes sont dignes de vivre aussi longtemps et d’une façon aussi consolante x (x au point de vue chrétien), dans le cœur de ceux qui les ont aimés. Il me semble qu’en dehors de mon cercle intime de famille aucune mort ne pouvait m’être aussi douloureuse. Votre tante m’avait témoigné une si bonne amitié que j’en étais tout heureuse. Je savais que je la lui rendais si bien, cette bonne amitié !

Quelle épreuve pour vous, puisqu’elle est déjà si pénible pour moi ! Ma bonne Marie, votre vieille missive arrive à l’instant à bon port.

Midi ¼. Elle me dit que les enfants[3] vont bien. {Voici un tout petit pinceau que j’insère dans cette lettre à l’intention de Jeanne.

Hier, le temps était à la pluie et en faisant expédier (par le petit Saint Thomas[4]) un châle de tricot laine (comme le mien) à Mlle de C.[5] j’ai donné 2 pinceaux à mettre dans le paquet pensant qu’à cause de la pluie, la peinture serait une ressource mais les pinceaux qui arriveront en compagnie du petit châle sont fendus, il faudra donc que ma petite Jeanne mette un fil autour quand son papa aura trouvé un petit bâton pour servir de hampe. Cette phrase est terriblement embrouillée, tâchez de comprendre.

Je vais partir chez Mmes D.[6] et P.[7] et chez votre bon-papa[8]. Je pourrai donner de vos nouvelles de ce matin. Hier j’ai vu R. et Louise[9] qui se sont bien informés de vous et de votre oncle. Remerciez-le encore de ma part et partagez avec Marcel[10] et les enfants ma bien tendre affection.

S. de F.

J’ai désiré envoyer un petit souvenir à Mlle de C. parce que je l’ai trouvée très prévenante avec moi et que je savais lui faire plaisir car elle n’avait pas de petit vêtement léger à ajouter [ ] [sur son dos].

Avez-vous un petit châle de ce genre ? Si non, je serais heureuse de vous en envoyer un.

Je compte toujours sur Marcel Mercredi pour dîner.


Notes

  1. Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards, est décédée le 10 juillet.
  2. Alphonse Milne-Edwards.
  3. Jeanne, Robert, Charles et Marie-Thérèse de Fréville.
  4. Le Petit Saint-Thomas est un magasin de nouveautés, situé rue du Bac.
  5. Mademoiselle de Castel, préceptrice.
  6. Cécile Milne-Edwards, épouse d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
  7. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  8. Jules Desnoyers.
  9. Roger Charles Maurice Barbier de la Serre et son épouse Louise de Fréville.
  10. Marcel de Fréville.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Samedi 16 juillet 1887. Lettre de Sophie Villermé, veuve d'Ernest de Fréville (Paris) à sa belle-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_16_juillet_1887&oldid=35376 (accédée le 15 novembre 2024).

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