Samedi 15 juillet 1899
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)
Douai 15 Juillet 99
Ma chère petite Mie
Je te croyais si bien à Livet que je t’y ai adressé hier une lettre (plutôt une petite carte). Je suis contente pour toi que tu aies eu le temps de te retourner avant de partir, il me semble que tu devais avoir encore pas mal de choses à faire, quoique tu saches te faire aider beaucoup mieux que moi.
Je t’ai envoyé à Livet la nouvelle du succès de Max[1] au baccalauréat de philosophie. Aujourd’hui c’est le pauvre Charles Ducamps qui a enfin réussi son examen de rhétorique. Après avoir essayé 3 fois sans aucun succès, il avait été admissible en Novembre dernier et le voilà définitivement reçu. Le ciel nous préserve d’une semblable déveine. Toi, tu n’as rien à redouter, mais dans mon régiment de garçons[2], n’aurai-je pas bien des déboires ?
T’ai-je dit que j’étais retournée Lundi chez les Jésuites de Lille : on ne peut pas nous promettre un lit à la rentré, mais on nous engage à mettre Jacques chez deux vieilles demoiselles qui demeurent tout à côté du collège et qui prennent quelques pensionnaires des Jésuites. Les élèves ne font qu’y coucher et sont au collège de 5h1/2 du matin à 8h1/2 du soir. [On] nous promettrait de le prendre aussitôt qu’il y aurait un lit et le Père m’a paru prévoir des vides dans le courant de l’année. Je ne sais encore ce que nous déciderons.
Tout ce que tu me dis de tante E.[3] m’a bien intéressée, c’est d’un mantelet et d’un chapeau d’été qu’on me remercie. Pierre[4] me semble assez vite consolé. Enfin c’est peut-être très heureux.
La visite de G.[5] ne manque pas d’intérêt non plus. Je suis sûre que M.[6] avait bien envie de parler de l’affaire[7] ; c’est elle-même qui a entamé la conversation avec moi, mais je comprends que tu n’y aies pas poussé, cela n’aurait pas fait avancer la question et c’est si pénible. Je crois que tu juges très bien les impressions de G., une assez grande confusion et un certain contentement d’être débarrassé d’une gêne qu’il redoutait.
Adieu ma chérie, je t’embrasse comme je le faisais si bien il y a quelques jours à cette même place. Que c’était donc bon de vous avoir. Quel délicieux rêve et comme j’aime à retrouver ton souvenir dans toute la maison.
Mille amitiés à ton cher compagnon[8].
Émilie
Je ne sais pas bien ce que sont les inspecteurs d’armée[9], c’est une fonction assez nouvelle. Je demanderai des renseignements à Damas[10] et te les communiquerai. Je crois que c’est très élevé dans la hiérarchie militaire et qu’il faut être général de Division pour être inspecteur d’armée.
Notes
- ↑ Maximilien Froissart.
- ↑ Jacques, Michel, Pierre et Louis Froissart.
- ↑ Élisabeth (Élise) Mertzdorff, veuve d'Eugène Bonnard.
- ↑ Pierre Bonnard ?
- ↑ Probablement Georges Duméril.
- ↑ Probablement Maria Lomüller, épouse Georges Duméril.
- ↑ Le projet de mariage d'Hélène Duméril avec Guy de Place, et ses conséquences sur l'usine de Vieux-Thann ?
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Inspecteur d'armée : appellation donnée jusqu'en 1940 aux généraux chargés d'un secteur d'inspection réunissant plusieurs corps d'armée.
- ↑ Damas Froissart.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Samedi 15 juillet 1899. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_15_juillet_1899&oldid=54065 (accédée le 21 novembre 2024).
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