Lundi 14 août 1899
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Brunehautpré puis Campagne-lès-Hesdin), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne ?)
Brunehautpré, 14 Août 99
Chère bonne petite Sœur,
Je te souhaite d'abord une bonne fête et j'espère que ma lettre arrivera à temps pour que ma vieille affection vienne se joindre aux tendresses et à l'affection de ceux qui t'entourent. Mes prières se joindront bien aussi aux leurs demain pour que le bon Dieu rende toujours heureuse cette chère providence qui nous entoure tous de sa bonté et de sa sollicitude. Nous demanderons aussi comme une faveur spéciale d'arriver à te ressembler, ma chérie, à savoir rendre notre entourage heureux comme tu sais si bien le faire.
Je te retourne la lettre de Mme de P.[1] que je nous trouvons parfaite. Comment tante M.[2] ne pousse-t-elle pas sa fille[3] à entrer dans une pareille famille ? jamais elle ne retrouvera un parti si bon. C'est navrant tout cela, navrant de voir combien on se joue légèrement des sentiments si profonds et si sérieux de cet excellent garçon[4], navrant aussi de penser qu'elle s'en va tout brouiller en Alsace, rendre probablement tout rapprochement impossible. Nous n'avons qu'à nous taire et à demander au bon Dieu d'arranger les événements pour le bonheur de notre pauvre petite H.
A propos de Vieux-Thann je te communique la lettre que nous avons reçue de G.[5] hier. Damas[6] y a répondu dans le même sens que la dernière fois : il explique à G. que nous ne voulons avant tout pas bénéficier de la vente de l'hôpital, que nous préférerions voir la rente provenant de la somme de 7000 F (prix que la fabrique nous donne pour notre maison) affectée à une œuvre de bienfaisance spéciale, ou au bien général des Malades de l'hôpital, pour ajouter peut-être un peu de superflu au nécessaire, mais que, si cela offre des difficultés, nous aimerions encore mieux voir la fabrique dégrevée de 350 F par an pour son compte de l'hôpital que d'empocher la somme.
La phrase de G. que je souligne au crayon me fait penser qu'il serait utile que vous donniez votre nous donnions des avis dans le même sens. En somme Georges ne nous propose rien, et il résulte de son attitude qu'il aimerait mieux ne plus entendre parler de rien. Il faut, je crois, pour le moment, dire que nous désirons voir verser la somme à notre compte courant en manifestant l'intention bien arrêtée de ne pas rentrer en possession de cette somme.
Je termine ma lettre de Campagne où nous sommes venus ce matin en bande pour nous confesser, on va à Dammartin cet après-midi mais je reste pour faire mes malles et recevoir M.[Haugmard] qui arrive à 4h. Damas part demain soir et nous Mercredi à 7h. J'emmène mes neveux[7] ce qui n'est pas une mince responsabilité : Max est un vrai jeune homme des plus raisonnables et ne me donne aucun souci, mais Jean est un casse-cou qui rêve avoir de l'indépendance et qu'il faut tenir en bride, il est d'ailleurs très drôle et ses originalités mettent beaucoup de gaité dans notre intérieur. Je compte beaucoup sur M. [Haugmard] pour escorter cette jeunesse.
Adieu ma petite Marie, je t'embrasse de tout mon cœur et te charge de mille tendresses pour ton entourage. Damas vous envoie ses meilleures amitiés. Ces hiéroglyphes s'adressent à Mimi[8].
Émilie
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Lundi 14 août 1899. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Brunehautpré puis Campagne-lès-Hesdin), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne ?) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_14_ao%C3%BBt_1899&oldid=55469 (accédée le 10 novembre 2024).
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