Samedi 10 mars 1877 (A)
Lettre de Flore Leurs, épouse d’Alfred Duméril (Toulouse), à sa cousine Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann)
Toulouse 10 Mars 77.[1]
Ma chère cousine,
Nous sommes très sensibles à votre aimable lettre et nous vous en remercions. Connaissant votre bonté, votre affection, nous étions certain à l’avance de la part que vous prendriez à notre chagrin[2]. Au mois de septembre, j’avais trouvé Constant fort changé, presque aveugle, pressentant sa fin prochaine, en un mot très malheureux ; nous l’avions quitté avec la triste idée que nous ne le reverrions peut-être plus. Mais de là à la réalité qu’il y a loin ! Quoique l’on ait pensé que tel malheur pourrait arriver, au moment où l’on est frappé, il semble que ce soit imprévu aussi la dépêche nous annonçant sa mort nous a-t-elle complètement bouleversés.
Ce n’est que quelques jours après que nous avons eu des détails sur ses derniers moments et sur ses funérailles. Les soins ne lui ont pas manqué, Eléonore et Léonide[3] se sont montrées pleines de cœur et de dévouement, elles ne l’ont pas quitté. Félicité Martin[4] est arrivée en temps pour l’embrasser une dernière fois ; Anna et Alice[5] sont venues aussi, il ne les a pas reconnues.
Nos enfants[6] partagent notre peine, ils aimaient beaucoup leur oncle qui, depuis le départ de ses filles, montrait pour eux une grande préférence, je dirai même une tendresse presque paternelle. Au moment où nous recevions la triste nouvelle, Henry venait de soutenir ses thèses pour le doctorat en droit de la manière la plus satisfaisante, notre joie a été de courte durée.
Moi aussi, ma chère cousine, j’ai conservé un excellent souvenir de notre petit voyage à Besançon[7], souvent encore nous en parlons en famille. Il y avait bien longtemps que je désirais vous connaître à Dijon, je pouvais espérer avoir le bonheur de vous revoir à Toulouse, c’est bien différent, nous sommes un peu comme dans l’exil, éloignés de toute notre famille.
Nous avons été heureux de la confirmation que vous nous donnez de ce que nous avait appris la lettre de notre cousin Constant[8], relativement au mariage de votre fils[9] ; vous trouverez dans votre belle-fille[10], nous n’en doutons pas, toute l’affection que vous méritez, elle sait déjà qu’elle est celle dont une bonne mère est digne et sans diminuer celle qu’elle porte à la sienne[11], elle sera pour vous aussi une fille dévouée. Quand l’heureuse réunion de famille aura lieu nous vous prions d’être notre interprète auprès de tous nos excellents parents.
Adieu, ma chère cousine, mon mari[12] [et] mes enfants se joignent à moi pour vous envoyer, ainsi qu’à notre cousin, nos compliments les plus affectueux.
FloreDuméril.
Notes
- ↑ Lettre sur papier-deuil.
- ↑ La mort de Constant Duméril (1809-1877), l’aîné des dix-huit enfants de Florimond Duméril.
- ↑ Eléonore et Léonide Duméril, sœurs de Constant (†).
- ↑ Félicité Duméril veuve de Jules Martin et sœur de Constant (†).
- ↑ Anna et Alice Duméril, les deux filles religieuses de Constant (†).
- ↑ Henri (Henry) et Marie Duméril.
- ↑ Besançon où vivaient Adèle Duméril et son époux Félix Soleil.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril, époux de la destinataire.
- ↑ Léon Duméril.
- ↑ Marie Stackler.
- ↑ Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
- ↑ Alfred Duméril, frère de Constant (†).
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Samedi 10 mars 1877 (A). Lettre de Flore Leurs, épouse d’Alfred Duméril (Toulouse), à sa cousine Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_10_mars_1877_(A)&oldid=35299 (accédée le 18 décembre 2024).
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