Mercredi 30 octobre 1867
Lettre de Charles Mertzdorff (à Paris pour l’Exposition universelle) à son épouse Eugénie Desnoyers (Vieux-Thann)
Je ne veux pas me coucher ma chère Nie, sans te dire un petit bon soir bien chaud[1].
Comme tu le penses bien j’ai déjeuné avec tout le monde à 8 h. Maman[2] n’avait pas passé une très bonne nuit, elle a pas mal toussé, comme elle tousse encore ce soir.
Aglaé & Alphonse[3] sont venus très aimablement dès le matin, les deux sont rayonnants de contentement & santé.
J’ai quitté à 9 h. pour l’Exposition, d’où je n’ai pas bougé jusqu’au soir.
J’y ai trouvé Ruot[4] que j’avais averti par Télégramme, après déjeuner il m’a quitté & j’ai continué. Je vois que j’ai à peu près tout vu que rien ne m’a échappé, me voilà avec la conscience tranquille & amplement saturé d’Exposition.
J’y retournerai cependant encore demain, mais ce sera tout & les malheureux exposants soupirent bien à remballer & s’en aller. J’ai déjà vu des Anglais démonter & emballer des machines. Tout le monde est fatigué, il est réellement temps de fermer boutique.
J’ai retiré, au grand scandale de l’employé, ma carte d’exposants mais j’ai vu, que quantité encore ne l’ont pas fait.
Rentré vers 5 h. j’ai fait ma visite aux Duméril[5] je n’ai rencontré qu <Adèle[6]> qui a été assez causante. En rentrant j’ai trouvé Mme Auguste dans la rue ; j’ai promis d’aller les revoir demain soir.
Adèle a bonne mine.
Papa[7], ce soir, souffre un peu des dents & se plaint de ses maux de reins, la maman lui préparait tout à l’heure un peu d’anis.
Quoique toussant, je trouve à Maman bonne mine & de l’entrain. Je ne te dirai pas que l’on me traite un peu trop en enfant gâté mais je le pense & en suis confus ; car franchement je ne suis pas si gâté que cela à la maison. & toi chérie il me tarde d’avoir de vos nouvelles, il me semble qu’il y a bien longtemps que je suis loin de vous tous.
Ne te moque pas de moi mais je fais déjà mes petites combinaisons pour rentrer. Cela dépendra maintenant un peu d’Alfred[8]. Mais Samedi soir ou Dimanche soir, je ne serai plus très loin de vous.
Samedi j’ai donné rendez-vous à Ruot, je passerai ma journée en confesse à la rue du Sentier[9] & ce sera tout. J’en aurai suffisamment.
Embrasse bien fort Mimi[10] & Founichon[11]. De même Maman[12] & crois-moi
ton Charles Mertzdorff
Donne de mes nouvelles à Georges[13] je n’ai plus trouvé son fils[14] qui est rentré.
Demain si j’ai temps j’écrirai a mes petites chéries.
Notes
- ↑ Cette lettre non datée est à situer juste après l’arrivée à Paris de Charles Mertzdorff pour la clôture de l’exposition universelle qui ferme le 3 novembre 1867.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers, et mère d’Eugénie.
- ↑ Aglaé Desnoyers, sœur d’Eugénie, et son époux Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Henri Ruot.
- ↑ Auguste Duméril et son épouse Eugénie Duméril (Mme Auguste).
- ↑ Adèle Duméril, leur fille, épouse de Félix Soleil.
- ↑ Jules Desnoyers.
- ↑ Alfred Desnoyers.
- ↑ Le Sentier, quartier parisien voué à la confection textile.
- ↑ Mimi, Marie Mertzdorff.
- ↑ Founichon, Émilie Mertzdorff.
- ↑ Marie Anne Heuchel, veuve de Pierre Mertzdorff.
- ↑ Georges Heuchel.
- ↑ Georges Léon Heuchel.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mercredi 30 octobre 1867. Lettre de Charles Mertzdorff (à Paris pour l’Exposition universelle) à son épouse Eugénie Desnoyers (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_30_octobre_1867&oldid=61870 (accédée le 22 décembre 2024).
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