Mercredi 30 décembre 1914

De Une correspondance familiale

Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Campagne-lès-Hesdin) à son fils Louis Froissart (Camp de La Braconne)

original de la lettre 1914-12-30.jpg


BRUNEHAUTPRE       
CAMPAGNE-LES-HESDIN          
BRIMEUX                
PAS-DE-CALAIS[1]              

30 Décembre

Mon cher Louis,

Cette lettre sans doute ne t'arrivera pas pour le 1er Janvier mais quand bien même elle t'apporterait en retard mon souvenir et mes vœux, le souvenir n'en serait pas moins amical, ni les vœux pas moins tendres. N'as-tu pas d'ailleurs ce que tu peux désirer actuellement de plus heureux ? l'uniforme d'artilleur si cher à nos yeux, la perspective de te faire porter, au lieu de porte le sac, et par dessus tout le plaisir de servir dans « l'arme idéale » comme l'appelle Pierre[2]. En y ajoutant des vœux pour ta santé, ton endurance, ta bonne humeur, un peu de patience pour les heures pénibles et le courage de tous les jours, en attendant que tu aies besoin de la bravoure sur le champ de bataille, tu seras pourvu, il me semble, pour toute ton année. J'annexerai encore volontiers à ce programme quelques petites visites qui réchaufferont le cœur.

D'après la lettre que j'ai reçue de Michel[3], je pense que tu t'es arrêté à Périgueux et que tu y as passé au moins le Dimanche, car Michel paraissait décidé à te garder davantage s'il te trouvait encore souffrant. Il vaut mieux en effet n'arriver à la Braconne que débarrassé de ton mal de gorge.

Je tiendrai tes étrennes à ta disposition ; tu me diras si tu désires que je te les envoie ou si tu préfères leur donner ultérieurement une destination.

Je ne sais si nous verrons Michel ; sa permission paraît bien hypothétique, mais s'il l'a, il fera probablement le pont. Naturellement nous irons le rencontrer à Paris s'il y vient, mais je n'ose y compter. Nous allons aujourd'hui à Dommartin, profitant du beau temps qu'il fait après l'épouvantable tempête d'hier.

Je t'embrasse très tendrement, cher enfant, en t'envoyant encore mes vœux les plus affectueux et ceux de ton papa[4]. Il me charge de te dire qu'il a écrit à ton commandant en lui demandant qu'on s'occupe de toi et qu'on te dirige de façon à ce que tu puisses devenir élève officier ; il demande à ce que tes loisirs, si tu en as, soient employés à préparer ton brevet d'aptitude.

Emy

Nous avons eu hier une lettre de Pierre du 23. Lettre écrite de nouvel an – écrite à l'encre. Quel luxe ! Il était au repos mais s'attendait à ce qu'on donne cette semaine « un grand coup de bélier dans le mur Allemand ».


Notes

  1. En-tête imprimé.
  2. Pierre Froissart.
  3. Michel Froissart.
  4. Damas Froissart.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mercredi 30 décembre 1914. Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Campagne-lès-Hesdin) à son fils Louis Froissart (Camp de La Braconne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_30_d%C3%A9cembre_1914&oldid=55453 (accédée le 2 mai 2024).

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