Mercredi 10 mai 1882
Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
10 Mai 82[1]
Mon Père chéri,
Que dois-tu penser d’une fille qui laisse son papa sans nouvelles du Samedi au Mercredi. C’est trop laid, trop confondant, ne parlons pas de cela. Je vais commencer par te remercier de la bonne et aimable petite lettre que j’ai reçue de toi Dimanche et qui me prouve que tu as fait bon voyage quoiqu’il n’ait pas été pour toi exempt de fatigue. Ensuite je vais t’énumérer tout ce que j’ai fait et te montrer comment et pourquoi Lundi et Mardi l’heure du courrier s’est passée, je ne dirai pas sans qu’il y ait de ma faute, mais tout au moins sans qu’il y ait préméditation. Dimanche après la grand-messe et une petite visite à bon-papa[2] nous sommes rentrés pour ne plus sortir ; si, pourtant, car oncle[3] m’a emmenée dans la ménagerie après le dîner. J’ai fait de grands rangements très indispensables dans ma chambre aussi maintenant je ne me précipite plus sur mes armoires, à l’approche de tante[4], pour les fermer. J’ai aussi travaillé à ma peinture, mais elle n’est pas encore bien belle.
Lundi après ma leçon d’allemand[5] j’ai volé chez M. Flandrin[6], pendant que tante restait chez Marie[7] pour éviter les étages[8] : elle est venue me chercher à 2h pour aller au cours de musique à la Sorbonne, le dernier aura lieu aujourd’hui. Il a fini si tard Lundi que nous n’avons été libre qu’à 4h passées.
Hier Mardi Marie est venue nous voir avec bon Jeannot[9], malheureusement tante a eu plusieurs visites pendant ce temps-là ; il a aussi fallu que je descende 2 fois. Au moment où Marie est partie je m’apprêtais à t’écrire quand elle a rencontré dans l’escalier Mme P. Clavery[10] avec sa petite 9ème[11] et Marie est rentrée avec elle dans le salon. Les deux bébés étaient bien drôles à se regarder : Jeanne est beaucoup plus grande et a l’air bien plus dégourdie mais il paraît que la petite Marthe dit quelques mots.
Aujourd’hui je vais au cours d’anglais ; je viens de visiter le linge et je n’ai plus que le temps de t’embrasser de tout mon cœur en te demandant encore pardon d’être restée si longtemps sans écrire.
Émilie
Oncle A.[12] et tante E.[13] partent aujourd’hui ; ils sont venus nous dire adieu Dimanche.
L’éléphant est mort, bien mort et on a eu bien de la peine à l’emporter.
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Jules Desnoyers.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Leçon d'allemand avec Mlle Jacobsen.
- ↑ Paul Flandrin, professeur de dessin.
- ↑ Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville et sœur d’Émilie.
- ↑ Ou pour parler des projets de mariage d’Émilie ?
- ↑ Sa fille Jeanne de Fréville, née le 29 mars 1881.
- ↑ Marie Philiberte Ferron, épouse de Paul Clavery et mère de neuf enfants.
- ↑ Marthe Clavery, née le 16 mars 1881.
- ↑ Charles Auguste Duméril.
- ↑ Eugénie Duméril, veuve d'Auguste Duméril et sœur de Charles Auguste.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Mercredi 10 mai 1882. Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_10_mai_1882&oldid=41093 (accédée le 15 novembre 2024).
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