Mardi 8 mai 1860

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Manchester) à son épouse Caroline Duméril (Paris)

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J'ai fini ma journée d'aujourd'hui il est 5 h ! Ce sont mes bons moments que ceux que je passe avec vous tous.

Tu me demanderais chérie ce que j'ai fait hier, ce que j'ai fait aujourd'hui, ce que je ferai encore bien des jours, je ne saurais trop te répondre.

J'ai perdu beaucoup de temps jusqu'à ce jour pour avoir voulu employer mon dessinateur qui est un peu ici à mes frais. Il a été de longues années employé ici, mais par sa position même il n'a aucun pouvoir sur J'ai à peu près renoncé à lui, car il suffit d'en être accompagné pour ne pas avoir de chance de réussir. Avec cela il lui manque l'intelligence de ces sortes de choses.

J'ai donc dès aujourd'hui cherché à naviguer de mes propres ailes. La langue me fait toujours défaut cependant je trouve que depuis quelques jours je sais m'y remettre un peu.

Je me suis dès aujourd'hui mis en communication avec l'inventeur du nouvel apprêt. Il est terriblement exigeant. je ne crois pas que je puisse < >

Ces Messieurs comptent par £ que je suis bien forcé de traduire en francs. Un anglais l'exploite déjà à Paris, mais jusqu'à ce jour je ne crois pas qu'il ait fait grand chose.

J'en ai offert 2 500 pour l'alsace pour Samedi ou Lundi prochain ! Je continuerai ma négociation. Je crois que la chose a quelque avenir chez nous.

Demain sera une assez bonne journée je l'espère au moins. Je dois dès le matin voir un blanchiment.

Depuis ce matin il pleut, ce qui pour la campagne ici a été une chose très heureuse. C'est bien moins heureux pour moi mais je compte me garantir de la pluie en m'achetant un vêtement en conséquence.

Hier j'ai passé ma soirée avec la bande joyeuse de Mulhouse. Il y en a plusieurs qui se préparent à quitter la place. D'autres arrivent de tous les coins de la france.

Si le gouvernement est assez sage pour donner une bonne protection à l'industrie, je commence à croire < > chose que le traité de Commerce ; cela nous forcera tous à dépenser force argent, avoir des tracas de plus ; mais il fera faire un grand pas à l'industrie & faire en quelques années ce qu'elle aurait fait en un siècle.

Tu espères que je puisse dès aujourd'hui te dire que je ne resterai plus que quelques jours ; malheureusement il n'en est pas ainsi & dès aujourd'hui je ne pense pas pouvoir te donner <ce> heureux jour avant <une 15aine> à moins d'événements par trop heureux qui me permettent de quitter avant. Je continue à rencontrer force difficultés à voir ce que je désirerais. Ceci fait je passerai en revue la construction car je suis à peu près décidé à laisser mes 2 000 £ ici ! & cela pour machines qui peut-être ne me serviront que peu.

Toutes les Personnes pour lesquelles j'ai des lettres sont très aimables pour moi.

Je ne te dirai pas tout le bonheur que j'éprouve lorsque je reçois tes bonnes lettres me parlant de Miki[1] qui vient si bien ; vous êtes ma vie, & lorsque je ne suis pas ici je suis avec vous.

J'ai reçu lettres de maman[2] Léon[3] et l'oncle[4] qui me donnent tous les détails de la maison[5].

J'aime bien de voir Léon aimer la société & le plaisir, qui aime s'amuser aime travailler à son âge. Du reste il me fait quelques observations sur les apprêts qui me font grand plaisir et qui me font croire que ce sera un homme. Du reste ma mère qui du petit coin de sa fenêtre aime assez observer me dit qu'elle voit Léon très souvent allant à la fabrique.

Ma mère se disposait de passer une journée à la ferme[6].

Je reçois à l'instant la lettre du 7. J'en remercie tout le monde qui y a contribué.

Je vais écrire à l'oncle.

Embrasse Miki, tes parents[7] comme je t'embrasse toi-même.

Charles Mertzdorff

N'oublie pas d'écrire une bonne lettre à Emilie[8].


Notes

  1. Marie Mertzdorff, fille des correspondants.
  2. Marie Anne Heuchel, veuve de Pierre Mertzdorff.
  3. Léon Duméril, frère de Caroline.
  4. Georges Heuchel, oncle de Charles Mertzdorff.
  5. À Vieux-Thann.
  6. Propriété de Charles Mertzdorff, à Cernay.
  7. Félicité et Louis Daniel Constant Duméril.
  8. Emilie Mertzdorff, sœur de Charles, épouse d’Edgar Zaepffel.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Mardi 8 mai 1860. Lettre de Charles Mertzdorff (Manchester) à son épouse Caroline Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_8_mai_1860&oldid=41050 (accédée le 29 mars 2024).

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