Mardi 5 juillet 1870
Lettre de Marie Mertzdorff (Nogent-le-Rotrou-Launay) à sa grand-mère Félicité Duméril (Morschwiller)
Launay 5 Juillet 70
Chère Bonne-maman
Je m'amuse beaucoup ici, ce qui ne m'empêche pas de beaucoup penser. Mais nous aimerions bien t'avoir avec nous, c'est si amusant Launay
J'espère que <oncle Auguste> va bien ainsi que tante Eugénie[1].
Si je voulais te conter tout ce que nous faisons, chère bonne-maman, ce serait bien ennuyeux et toujours la même chose, car nous ne faisons que jouer, sauter, courir et nous amuser, nous ne trouvons même pas le temps de lire.
Oncle Alphonse[2] a apporté deux œufs qu'il a fait éclore dans sa couveuse artificielle et qu'il a nourris de sorte que ces petites bêtes le suivent partout ; aussi sont-elles venues à Launay, elles barbotent dans l'eau et mangent des des petits poissons qu'on leur pêche car tu sauras, bonne-maman, que ces messieurs[3] prennent des poissons toute la journée.
Mardi 4h – Ah ! chère bonne-maman que je me suis bien amusée aujourd'hui ! j'ai fait des confitures avec tante Aglaé[4], j'ai enlevé les noyaux des cerises et j'ai pesé le sucre avec un tablier devant moi comme une vraie cuisinière et les petits[5] épluchaient des haricots avec Pauline[6].
Jean est toujours en adoration devant Emilie, il l'appelle sa chérie et demande à maman de lui donner pour femme quand il sera grand et veut bien travailler pour lui faire plaisir.
Nos oncles[7] sont partis pour Paris hier soir ; ils m'avaient bien taquinée mais ça m'amuse beaucoup.
Le Dimanche où nous étions à Paris, oncle Alfred nous a fait la surprise de nous mener au cirque[8] où nous avons vu un petit singe savant qui était fort drôle on l'appelle Turlurette. Ce matin père a été dans les bois avec son fusil, mais il a trouvé les lapins si gentils qu'il n'a pas eu le courage de les tirer. Hier nous sommes allés chez monsieur de Torsay[9] tante Clotilde était sortie mais je puis te dire que ta filleule[10] est très gentille et très avancée pour son âge.
Adieu, chère bonne-maman, je t'embrasse bien fort ainsi que bon-papa[11], oncle Léon[12] et oncle et tante[13] qui sont avec vous. Ta petite-fille
Marie Mertzdorff
Nous avons vu tante Adèle[14] ainsi que Marie[15] et Léon ce gros garçon m'a chargée de bons baisers pour tata[16].
Tout le monde ici me charge de beaucoup d'amitiés pour vous tous.
Notes
- ↑ Auguste Duméril et son épouse Eugénie Duméril.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Charles Mertzdorff, père de Marie, et ses oncles Alphonse Milne-Edwards et Alfred Desnoyers.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Emilie Mertzdorff et Jean Dumas.
- ↑ Pauline, domestique chez les Desnoyers.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards et Algred Desnoyers.
- ↑ Le Cirque d’été, installé le long des Champs-Élysées, devenu en 1853 Cirque de l’Impératrice.
- ↑ Charles Courtin de Torsay époux de Clotilde Duméril.
- ↑ Marguerite Courtin de Torsay.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Léon Duméril.
- ↑ Auguste Duméril et son épouse Eugénie Duméril.
- ↑ Adèle Duméril, épouse de Félix Soleil.
- ↑ Marie et son frère Léon Soleil.
- ↑ Félicité Duméril est la grand-tante des petits Soleil.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mardi 5 juillet 1870. Lettre de Marie Mertzdorff (Nogent-le-Rotrou-Launay) à sa grand-mère Félicité Duméril (Morschwiller) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_5_juillet_1870&oldid=52367 (accédée le 15 novembre 2024).
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