Dimanche 10 juillet 1870

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Paramé) à son beau-frère Léon Duméril (Morschwiller)

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Paramé le 10 Juillet 70

Mon cher Léon

Nous l'avons échappé belle de ne pas avoir à constater un accident beaucoup plus grave que celui dont me parle ta lettre du 8 courant. Vous pensiez avoir pris toutes les précautions possibles contre ces accidents. C'est de continuer & de les augmenter. Mais l'ouvrier doit être un bien grand imprudent. Enfin remercions Dieu !

Tes premières lettres nous donnaient de si bonnes nouvelles de l'oncle Auguste[1] que nous espérions revoir complètement remis. Tes dernières nous font craindre que cette santé qui nous est bien chère à tous a grande peine à reprendre le dessus. Attendons tous que cette chaleur si énervante soit moins insupportable. Le temps fera le reste. A moins de se décider à quelque traitement hydrothérapique en Suisse. Je trouve que M. Auguste fait bien de ne pas encore aller en Suisse. De ces cures hydrothérapiques pour les maladies nerveuses & anémiques l'on a, comme vous savez tous, vu des effets les plus étonnants. Si je te parle de traitement c'est que nous sommes toujours avec vous en causons bien souvent & naturellement chacun donne son avis & notre seul désir au milieu de toutes nos joies d'être bien installés au bord de la mer, c'est de savoir notre cher malade bien remis.

La maison que l'on a louée pour nous à Paramé est très bien située au bord de la mer, du balcon nous avons la vue de toute la plage. & nos bains se prennent de la maison. La plage est belle, sable fin, à 3 km de St Malo où l'on peu aller à marée basse en suivant la plage <  > une bonne falaise rocheuse avançant dans la mer, & entre deux des rochers en assez grand nombre formant <île> se découvrant en partie à la mer basse de sorte que pour grands & petits la patauge est d'autant plus agréable, car les chasses aux bêtes sont fructueuses. Malheureusement, je suis un trop grand ignorant pour satisfaire la curiosité de tout le monde, surtout de la jeunesse qui ne manque pas de vouloir tout savoir.

Demain matin notre professeur Alphonse[2] sera ici, c'est lui qui sera chargé des chasses & des explications. Suivront les collections de toute espèce que l'on trouvera.

Notre maison n'est pas grande mais suffisante pour nous, & si quelque visite nous viendra, le propriétaire[3] nous donnera une chambre dans sa maison.

Il me tarde de rentrer & cependant je jouis bien de mes bonnes vacances. De mon départ, il n'est pas encore question. J'avais le projet de quitter 3 jours avant ma rentrée pour aller à Brest, Nantes, Tours & Orléans... autant d'inconnu pour moi. Julien[4] doit venir me prendre ici & nous ferons ce tour à nous deux. Ce sont des projets je n'y compte pas trop. Du reste réunis comme nous sommes, il fait bien bon ici. Voir nos petites filles[5] si contentes ajoute bien aussi au charme que nous goûtons ici.

Le pays est peu peuplé de baigneurs, les toilettes sont rares. Nous nous proposons bien d'en profiter pour ne vivre que de patauge.

Tu voudras bien embrasser pour Eugénie[6] & les enfants tes bons parents[7]. Ne pas oublier nos meilleures amitiés à M. & Mme Auguste[8] pour toi cher ami mes meilleurs affections

ton dévoué Charles Mertzdorff


Notes

  1. Auguste Duméril.
  2. Alphonse Milne-Edwards.
  3. M. Chabert, propriétaire de la villa Beau Rivage.
  4. Julien Desnoyers.
  5. Marie et Émilie Mertzdorff.
  6. Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff.
  7. Louis Daniel Constant et Félicité Duméril.
  8. Auguste Duméril et son épouse Eugénie Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 10 juillet 1870. Lettre de Charles Mertzdorff (Paramé) à son beau-frère Léon Duméril (Morschwiller) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_10_juillet_1870&oldid=61047 (accédée le 15 novembre 2024).

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