Mardi 5 juillet 1791
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)
N°6
Rouen ce 5 Juillet 1791
Maman,
Ce n’est que samedi que je reçus votre lettre arrivée de Neufchâtel <où> marqué du timbre avec le <paquet> de ma sœur[1], port payé de Montfleury[2] l’adresse de papa[3] et la lettre de vous ; vous voyez que je ne laisse échapper aucune occasion, aujourd’hui ce sont des Santernois[4] dont l’un est le frère de M. Legendre et qui Loge au Duc de Bourgogne. Je plains le sort de l’étourdi qui cabriolait si bien, mais je n’ai pas envie de vous faire un compliment de condoléance. Je le regrette bien sincèrement et je n’aurais pas moins souffert que vous de le voir pâtir. Oh ! mais quoique je travaille ne croyez pas que je sois trois jours sans sortir ? hier nous avons fait une herborisation de 20 personnes tout le long de la journée[5]. Lundi prochain on en fait encore autant et je suis engagé à aller déjeuner chez M. l’apothicaire qui nous demandait 600ll de pension. Il a une boutique superbe qui va d’une rue à l’autre comme vous diriez de la maison de M. Féret à celle de M. Dubois. Il fait chez lui les opérations en grand, j’y comptai hier 10 tant élèves que garçons.
C’est avec peine que j’ai appris la maladie de mon oncle[6], donnez-moi de ses nouvelles par votre première, je suis sensible à l’amitié qu’il me témoigne, dites-lui qu’il doit connaître mes sentiments et juger de mon cœur.
Quand vous verrez M. Cézille dites-lui que comme il connaît les rouliers de Monsieur Edeline[7] qui vont et viennent toutes les semaines à Rouen, il vous en donne connaissance, ce serait une occasion en leur donnant la pièce.
Vous me marquez de donner 12s à la femme de ménage, vous ne connaissez pas ces femmes-là, elles mangent avec les maîtres, envoient chercher l’eau à la fontaine etc. Quand vous aurez reçu mes lettres je crois que vous verrez que je n’ai pas fait un mauvais emploi des dix-huit livres de papa, et si je n’avais pas évité la première herborisation en allant à la campagne, je n’aurais pas été à celle d’hier qui m’a coûté 3ll, il me reste 12s mais je demanderai à M. Thillaye pour la première.
Je vais faire blanchir des cols. Bien des choses à l’abbé Joiron, dites-lui que j’attends une lettre de lui à la première occasion favorable. C’est en attendant de vos nouvelles que je suis
Maman, Votre fils Constant Duméril
Bien des choses à toute la famille et la société.
Adieu adieu, je ferme la lettre, cependant je descends pour savoir si monsieur Thillaye n’a rien à vous marquer, non, des compliments.
Notes
- ↑ Reine Duméril.
- ↑ Florimond Duméril, dit Montfleury, frère d’André Marie Constant.
- ↑ François Jean Charles Duméril.
- ↑ Le Santerre est une région de Picardie, entre Montdidier et Péronne.
- ↑ D’après les notes d’Auguste Duméril, les herborisations sont dirigées par le professeur de botanique, probablement Amable Guy Bertrand Pinard.
- ↑ Jean Baptiste Duval, frère de Rosalie.
- ↑ François Edeline.
Notice bibliographique
D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 46-48
Pour citer cette page
« Mardi 5 juillet 1791. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_5_juillet_1791&oldid=60236 (accédée le 21 décembre 2024).
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