Jeudi 30 juin 1791
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)
n°5
Rouen 30 Juin 1791
Maman,
A la Cinquième, une réponse et de l’argent, j’en ai grand besoin. Demain nous avons herborisation, qui me vide le gousset plat et net. J’ai mandé à M. D’Eu[1] de vous faire dire si vous pouviez user de la même occasion ; si cela se peut faites-moi passer un Coupon ou deux selon leur valeur. M. Thillaye se fera un plaisir de les changer ; parlons d’autres choses, mais ne m’oubliez pas ? Il fait bien crotté ici et j’ai bien sali des bas : il ne m’en reste plus que deux paires de propres. Mes cols sont à leur fin je les salis très vite. N’oubliez pas la cravate de soie. C’est la Mode ici, on en porte beaucoup. S’il n’est pas acheté prenez-le gris, marquez-moi le prix qu’on prend pour blanchir les bas, les chemises, cols etc. Voila deux fois que je vais à la campagne de M. Thillaye qui est éloignée de sept lieues d’ici. J’en suis revenu hier : il y a un agrément, c’est qu’on fait cinq lieues dans un navire pour six blancs, mais il faut manger quand on est arrivé là et cela n’emplit pas la poche, et il faut aller et revenir. Je suis maintenant au courant de la boutique, je ne m’ennuie point. Combien de pages emploierez-vous pour répondre à mes cinq lettres ? Je suis dans l’impatience de recevoir de vos nouvelles.
Votre fils Constant.
Bien des choses à ceux qui vous parleront de moi et surtout à l’abbé Joiron. Tous les jeunes gens s’engagent ici[2]. Il y a un Monsieur vis-à-vis notre porte qui donne son garçon de boutique et qui lui fait quatre sols de haute Paye.
Notes
- ↑ Louis Joseph Deu de Perthes.
- ↑ Après la fuite de Varennes (Louis XVI est ramené aux Tuileries le 25 juin 1791) la Constituante décrète la mobilisation des gardes nationaux des départements frontières et la levée de cent mille volontaires pris parmi les gardes nationaux des autres régions. Ce sont les autorités civiles qui équipent et encadrent les volontaires. Si, près des frontières, cette levée s’accompagne de craintes et d’une émotion intense, dans l’ouest de la France, ces opérations suscitent souvent liesse et émulation.
Notice bibliographique
D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 45-46
Pour citer cette page
« Jeudi 30 juin 1791. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_30_juin_1791&oldid=40080 (accédée le 8 octobre 2024).
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