Mardi 3 avril 1866

De Une correspondance familiale

Lettre d’Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (séjournant à Luc-sur-mer) à Marie Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1866-04-03 pages1-4.jpg original de la lettre 1866-04-03 pages2-3.jpg


Mardi 3 Avril

Ma chère petite Marie,

Je ne veux pas attendre que tu sois à Paris pour te remercier de ta lettre ; tu es bien gentille de m’avoir écrit, cela me fait toujours grand plaisir ; tu as l’air d’être assez contente à la pensée de venir à Paris, je te dirai que tu n’es pas seule à te réjouir, car nous parlons bien souvent du moment de votre arrivée, nous formons quantité de beaux projets et souhaitons voir venir bien vite le jour de votre arrivée.

Je suis sûre que tu crois que je t’écris du jardin des plantes ; hé bien tu te trompes ; tout en causant avec toi je regarde la mer, j’aperçois des grosses mouettes qui volent au-dessus de l’eau ; je vois de jolis bateaux à voile ; dans quelques instants j’irai avec ton oncle Alphonse[1] chercher des bêtes sur les rochers que la mer va bientôt découvrir. Tu sais que tout cela ne se trouve pas à Paris et qu’il faut aller bien loin le chercher. Nous sommes à Luc tout près de Caen, que tu as déjà appris dans ta géographie ; demain nous retournons à Paris et reprenons toutes nos occupations.

Si je n’avais pas la certitude que le voyage les ferait mourir, je t’enverrais quelques-unes des petites bêtes que nous avons déjà recueillies ; nous avons des crabes, des crevettes ; des anémones qui ressemblent à des fleurs, des petits bernards[2] qui sont de fort mauvais sujets et sont toujours en mouvement. Je te montrerai toutes ces jolies choses lorsque tu viendras nous voir ; imagine-toi qu’il y a quelques jours ton oncle Alphonse avait donné à manger à toutes les bêtes qu’il a dans son aquarium et qu’un méchant crabe a repris dans l’estomac d’une anémone un petit morceau d’huître qui lui plaisait !!

Adieu, ma chère petite Marie, je t’embrasse bien fort, ainsi que ta petite sœur Emilie[3].

Il faut que je te fasse des compliments ; on voit que tu travailles bien car tu fais de grands progrès pour l’écriture, nous l’avons tous remarqué avec beaucoup de plaisir.


Notes

  1. Alphonse Milne-Edwards, époux d’Aglaé Desnoyers.
  2. Des bernard-l’ermite ou pagures.
  3. Emilie Mertzdorff.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 3 avril 1866. Lettre d’Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (séjournant à Luc-sur-mer) à Marie Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_3_avril_1866&oldid=40957 (accédée le 15 novembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.