Mardi 28 juin et samedi 2 juillet 1881
Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Mon cher Papa,[1]
Je ne comprends pas comment après avoir reçu ta bonne lettre qui m’a fait tant de plaisir, je ne suis pas venue de suite t’en remercier ; c’est impardonnable, et je me le reproche beaucoup ; heureusement qu’Émilie[2] t’a donné de nos nouvelles, mais en dehors des nouvelles, je voulais te dire combien j’ai été sensible à toutes les bonnes choses que tu m’écris ; en effet, mon Père chéri, je suis bien bien heureuse il est impossible de rêver une vie plus remplie de bonheur que la mienne et je voudrais que ce bonheur pût aussi rejaillir un peu sur toi ; je compte sur ma Jeannette[3] pour te payer, bien faiblement, de toute la peine que tes filles[4] t’ont donnée.
Quand donc pourrai-je te la présenter, cette chère petite ? Si tu savais comme elle devient gentille, elle rit constamment maintenant, et avec un peu d’imagination il peut me sembler qu’elle me reconnaît. Elle est en ce moment dans les bras de sa bonne-maman[5] qui l’endort, et moi je t’écris.
Samedi matin. Hélas, mon Père chéri j’aurais dû continuer à t’écrire Mardi ; je ne sais comment cela s’est fait j’ai été si absorbée par mes préparatifs de départ que me voilà au moment de monter en voiture sans avoir embrassé mon Papa depuis bien des jours ! Nous allons comme je te le dis nous mettre en route, Marcel[6] changé en officier d’artillerie, dépouillé de sa barbe, m’accompagne à Launay où il restera jusqu’à Lundi midi, nous sommes bien contents de faire notre petit pèlerinage à notre cher Launay de l’année dernière et d’y revenir tous les 2 ensemble, tante[7] a été vraiment bien bonne de se prêter à cette combinaison.
Bon-papa et bonne-maman[7] restent ici 2 ou 3 jours encore, c’est peu gentil à nous de les quitter ainsi mais ils sont si excellents qu’ils approuvent tout. Bébé se porte à merveille, elle est bien bien gentille. Moi aussi je vais très bien je ne serai pas fâchée cependant de me reposer après les jours d’agitation qui précèdent un départ ; je dois voler de mes propres ailes maintenant.
Il est 9h il faut déjeuner et quitter Paris gare Saint-Lazare à 10h25 je t’embrasse donc vite et de tout mon cœur
ta fille
Marie
Notes
- ↑ Lettre non datée, probablement commencée le mardi 28 juin, juste avant le départ pour Launay.
- ↑ Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Sa fille Jeanne de Fréville.
- ↑ Marie et sa sœur Émilie.
- ↑ Félicité Duméril épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Marcel de Fréville, époux de Marie.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Mardi 28 juin et samedi 2 juillet 1881. Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_28_juin_et_samedi_2_juillet_1881&oldid=40934 (accédée le 15 novembre 2024).
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