Mardi 27 janvier 1891
Lettre de Marthe Pavet de Courteille, épouse de Jean Dumas (Bracancourt près de Blaise en Haute-Marne) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)
27 Janvier 91.[1]
Ma chère petite Marie
Sais-tu que je te suis tout à fait reconnaissante de trouver, malgré tout ce qui absorbe et remplit si bien ton temps, encore celui de m’écrire de si gentilles lettres, me donnant des détails me faisant tant de plaisir sur toi, tes enfants[2] et les amies communes.
Pauvre Paule[3], combien son inaction forcée doit lui paraître pénible en voyant évidemment le fâcheux rejaillissement qui en résulte pour son cher entourage, et pour son intérieur. Quant à Rachel[4] je trouve comme toi qu’elle est tout simplement édifiante ; elle m’écrit assez souvent, et je vois ainsi de près, malgré notre éloignement matériel, ce qu’est sa vie, comment se passe son temps et la manière dont elle accepte simplement et courageusement la lourde croix qui pèse sur elle au moral et au physique. Je viens de recevoir une longue et bien affectueuse lettre d’Émilie[5], me demandant si nous n’allons pas nous donner le mot pour avoir des petits jumeaux à distance. Peut-être finirons-nous par là, si de son côté elle ne tarde pas, comme pour Madeleine[6] ; quant à moi, je trouve que cette attente s’éternise désagréablement, le temps est redevenu assez doux, les communications faciles et ç’aurait été la perfection de ne pas laisser passer un moment si propice pour chacun. J’ai fait Dimanche une longue promenade d’1h1/2 avec Jean[7] qui était enchanté de me faire faire l’ascension de la Renaude située derrière notre Bracancourt, et au sommet de laquelle se trouve un arbre où il avait, il y a quelques années, été graver ses initiales conjointement avec les miennes, avec la date décisive qui fixait notre destinée et enchaînait mon existence ! Je suis revenue de cette promenade contente, mais fatiguée, et espérant avancer un peu l’heure du grand événement. Sœur C[8]. n’a pas trop approuvé mon escapade que j’ai un peu payée hier sans voir atteint pour cela le but désiré. Il faut donc se résigner encore à la patience. Je t’envoie, ma bonne chérie, la liste des dragées qu’Émilie a préparée pour Boissier d’après les désignations de personnes que je lui avais envoyées, elle me dit de te l’envoyer pour que tu y ajoutes à ton tour les noms et adresses te concernant. Si Daniel nous fait faux bond nous nous consolerons facilement avec une petite Louise Marie, mais il me semble que ton Charlot[9] nous donne la preuve qu’un retard n’a rien de très significatif. Adieu ma bonne Chérie, et mille tendresses pour toi et tes enfants de notre part à tous. Jean se joint à nous pour envoyer ses meilleures amitiés à Marcel[10].
Merci des détails sur la vente[11].
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Jeanne, Robert, Charles et Marie Thérèse de Fréville.
- ↑ Paule Arnould, épouse de Louis Duval.
- ↑ Rachel Silvestre de Sacy , épouse de Charles de La Poix de Fréminville, a perdu sa première fille, Mathilde de La Poix de Fréminville (1884-1890).
- ↑ Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart, accouchera de Michel Froissart le 30 janvier 1891. Marthe Pavet de Courteille-Dumas accouchera de sa deuxième fille, Louise Dumas, le 28 janvier 1891 (et non pas de Daniel).
- ↑ Madeleine Froissart.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Probablement Sœur Camille, venue pour la naissance.
- ↑ Charles de Fréville.
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Les de Fréville s'apprêtent à acheter le château de Livet.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Mardi 27 janvier 1891. Lettre de Marthe Pavet de Courteille, épouse de Jean Dumas (Bracancourt près de Blaise en Haute-Marne) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_27_janvier_1891&oldid=53311 (accédée le 15 novembre 2024).
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