Dimanche 5 juillet 1891

De Une correspondance familiale



Lettre d'Alphonse Milne-Edwards (Paris) à sa nièce Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (en villégiature en Bretagne)


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5 Juillet 1891[1]

Chère Marie

C’est bien, c’est beau, c’est vertueux d’avoir ainsi écrit à ton vieil oncle-papa aussitôt ton arrivée et je t’en sais très grand gré, car au milieu d’une installation on a bien d’autres chats à fouetter.

Les détails que tu me donnes sont fort intéressants et puisque je ne puis aller partager votre vie je pourrai au moins me la figurer et je vous suivrai par la pensée sur votre belle plage où j’élèverai aussi des châteaux en Bretagne avec les enfants[2].

Qu’ont-ils dû penser de leurs compagnons de route ; Jeanne était indignée et elle montrait son courroux dans la lettre qu’elle a écrite à son père[3]. Mais le malheureux Robert, enchaîné dans son hamac, et forcé d’entendre mal parler de sa mère ! le rouge doit s’être incrusté sur son visage et il faudra le hâle de la mer pour le faire disparaître.

Tu vois que je suis aujourd’hui Dimanche à Paris, j’avais trop à faire pour m’attarder à Launay et je me suis contenté d’y passer la journée d’hier à surveiller les fondations du nouveau bâtiment. On a dû les établir comme pour porter une citadelle à cause d’un banc d’argile et d’une couche d’eau. Aussi pour prévenir les glissements on a entassé des mètres cubes de béton et de cailloux.

Red Bess[4] a réclamé du sucre pour sa fête me faisant remarquer que le 6 Juillet je serai à Paris et que si je l’oubliais personne ne penserait à lui souhaiter son anniversaire.

La pauvre Madame Guerrier[5] a eu des couches très pénibles, il a fallu faire intervenir le forceps et le petit garçon n’y a pas survécu. Elle est très endolorie mais on n’a pas d’inquiétudes à son égard.

Telles sont les nouvelles du cru. Je te les envoie telles quelles et j’y joins un lot de bons baisers pour toi et les tiens.

AME


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Jeanne, Robert, Charles et Marie Thérèse de Fréville.
  3. Marcel de Fréville.
  4. Red Bess, un cheval.
  5. Amélie Hubert, épouse d'Alexandre Guerrier.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Dimanche 5 juillet 1891. Lettre d'Alphonse Milne-Edwards (Paris) à sa nièce Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (en villégiature en Bretagne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_5_juillet_1891&oldid=51923 (accédée le 21 novembre 2024).

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