Mardi 1er novembre 1870 (C)
Lettre d’Emilie Mertzdorff (à Morschwiller chez ses grands-parents) à ses parents Eugénie Desnoyers et Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Chère mère cher père < > <aime> je vous embrasse, j'ai embrassé et câliné les vos portraits mais cela m'a fait penser que tu n'étais pas avec moi. Que c'est triste d'être ainsi séparés les uns des autres. As-tu reçu des petites lettres de Paris.
Ce matin j'ai été avec Cécile[1] et bonne-maman[2] à la messe, Marie[3] est restée à la maison avec bon-papa[4] et oncle Léon[5]. En rentrant nous avons j'ai été avec Cécile acheter des timbres postes mais le marchand n'en a plus et nous sommes obligées d'en acheter à bon-papa. Ce matin j'ai été dans le lit de Cécile Marie est venue m'y rejoindre et nous avons joué.
Je te demande bien pardon des fautes que je fais, et surtout de mon écriture. Je voudrais bien t'avoir à côté de moi et père[6] de l'autre, alors je serais bien heureuse et je n'aurais à me plaindre de rien, mais je ne veux pas m'abandonner à toutes ces idées-là car ça me ferait pleurer et je ne pourrai plus rien faire. Bonne-maman va faire avec nous des petits gâteaux de Milan, je viendrai te dire si notre cuisine a bien réussi. Et je te dirai comment nous les aurons fait.
il fait beau, nos petits gâteaux sont faits, j'en ai les mains toutes grasses. Ils seront encore très bons. Je suis habillée et je t'écris sans avoir les mains grasses. Voilà comment nous avons fait nos petits gâteaux. Nous avons pris une demie livre de farine, un quart de sucre et le même poids de beurre, puis on met un jaune d'œuf dans la farine, on fait fondre le beurre et on le met de même que le jaune d'œuf dans la farine. On pétrit le tout et on a un joli petit moule pour nos bons petits gâteaux de Milan. Nous allons dîner c'est mon estomac qui me le dit. Justement bonne-maman nous appelle pour descendre. Marie met l'adresse. Adieu chère mère et cher père je vous embrasse tout deux et je vous serre dans mes bras.
Bien des choses de la part de Cécile elle te fait dire <qu'elle est très contente de tes> petites filles
Je t'écrirai demain. Je descends dîner.
Emilie Mertzdorff
Notes
- ↑ Cécile, bonne des petites Mertzdorff.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Marie Mertzdorff, sœur d’Emilie.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Léon Duméril.
- ↑ Charles Mertzdorff.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mardi 1er novembre 1870 (C). Lettre d’Emilie Mertzdorff (à Morschwiller chez ses grands-parents) à ses parents Eugénie Desnoyers et Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_1er_novembre_1870_(C)&oldid=40799 (accédée le 15 novembre 2024).
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