Mardi 19 décembre 1882
Lettre d’Émilie Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)
pendant la maladie de mon grand-père Mertzdorff qui meurt le 2 Mars 83[1]
19 Décembre 82.
Heureuse petite maman je viens te féliciter sur l’arrivée de ce fameux Biribi[2] qui doit décidément être écrit au masculin et j’adresse aussi une bonne part de félicitations à son papa[3] qui, je n’en doute pas, est très satisfait, et même au fond du cœur un peu fier de voir dans le petit berceau blanc un nouveau Monsieur de Fréville.
Comment te décrire la joie de papa[4] et la mienne lorsque oncle Léon[5] nous a monté la dépêche à 11h. Nous étions loin de nous y attendre, car nous venions de lire une lettre de toi dans laquelle tu nous recommandais encore de prendre patience. Je t’avouerai de plus que j’ai été très surprise d’avoir un neveu, j’attendais si fermement une petite Marthe qu’il m’a fallu lire la dépêche plusieurs fois pour me convaincre de la réalité.
Que de questions nous nous posons sur ce jeune homme depuis 2 heures. Est-il brun, est-il blond ? Combien pèse-t-il ? crie-t-il beaucoup ? Je t’assure que nous voudrions bien être en ce moment rue Cassette pour voir le cher petit et sa maman.
On dirait vraiment que papa avait pressenti la bonne nouvelle, car il a passé une matinée excellente et a mangé à 10h avec plus d’appétit que l’ordinaire. Il me charge de bien t’embrasser, et de te dire qu’il est très content de toi et de son petit-fils.
Je suis sûre que Jeanne[6] est bien affairée, en voyant du monde autour d’elle, en entendant crier son petit frère. Je suis curieuse de savoir quel accueil elle lui a fait, j’espère qu’elle aura été plus aimable que ne le fut jadis sa mère, à ce que raconte la tradition.
Nous avons une température désagréable, un brouillard continuel et assez froid. Cela ne nous empêche pourtant pas de sortir ; hier nous sommes allés papa et moi chez l’oncle Georges[7] et nous sommes revenus par le barrage ; tout à l’heure nous allons sortir en voiture.
Adieu ma petite Marie, je t’embrasse de tout mon cœur ainsi que tes chers petits enfants[8] et j’envoie toutes mes amitiés à Marcel qui te lira sans doute ma lettre.
Émilie
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Mardi 19 décembre 1882. Lettre d’Émilie Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_19_d%C3%A9cembre_1882&oldid=40768 (accédée le 15 novembre 2024).
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