Vendredi 22 décembre 1882

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son gendre Marcel de Fréville (Paris)


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Vieux-Thann le 22. Xbre 82.

Mon cher Marcel

Quoique la bienheureuse dépêche[1] fût attendue depuis bien des jours, elle n’en a pas moins surpris tous les habitants de Vieux-Thann.

Vous comprenez notre [joie] en lisant votre bonne lettre qui nous donne quelques détails si intéressants pour un grand-père.

Nous voyons que tout est pour le mieux chez vous, que Marie[2] se laisse bien soigner, qu’elle fasse comme la première fois[3] & tout sera au mieux.

Vous savez que les maux d’estomac ne cèdent pas facilement, qu’à leur ténacité il n’y a que la patience à lui opposer. C’est aussi ce que je fais & ne crois pas avoir autre chose à faire.

Les jours ne se suivent pas toujours les mêmes, il y en a les uns moins mauvais que d’autres, mais tel que vous m’avez vu il y a un mois ou deux je suis resté & ne sais encore constater un mieux bien sensible. Ce qui m’étonne c’est que je conserve autant de forces. Depuis que vous m’avez vu j’ai naturellement encore maigri un peu mais ne vais pas plus mal.

Mes nombreux repas se ressemblent bien à ce que vous savez mais généralement l’appétit me manque & je fais peu d’honneur aux bonnes choses que l’on me prépare.

Émilie[4] est une bien bonne & aimable garde-malade qui reste toute la journée auprès de moi travaillant à force à ses nombreux ouvrages de nouvel an.

Je reçois à l’instant votre lettre d’hier. Merci de tous les petits détails que vous nous donnez sur Robert & sa maman ; il est si naturel que nous soyons bien avides de tout ce qui se passe en ce moment chez vous. J’avoue que j’étais toujours persuadé du grand succès de votre chère femme.

Je savais qu’Émilie vous tenait bien au courant de ce qui se passe ici, ce qui m’a empêché de faire un petit effort pour vaincre ma paresse augmentée par un peu plus de faiblesse physique à laquelle j’ai, surtout certains mauvais jours, plus de peine à me distraire.

Ci-joint ma procuration.

Émilie me charge de bien embrasser Marie pour elle & vous remercie de l’envoi de la soie, elle est dans mon cabinet devant son métier à broder se dépêchant à finir un coussin pour sa tante M. Léon[5]

Nos bons parents[6] nous restent encore, leur départ n’est pas du tout fixé, l’on compte je crois passer les fêtes ici.

Vous voudrez bien embrasser Marie pour Émilie & moi. [Je vous prie] de me croire votre affectionné père.

ChsMff  


Notes

  1. Dépêche annonçant la naissance de Robert de Fréville.
  2. Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville.
  3. La première fois : la naissance de Jeanne de Fréville.
  4. Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  5. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
  6. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Vendredi 22 décembre 1882. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son gendre Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_22_d%C3%A9cembre_1882&oldid=35895 (accédée le 20 avril 2024).

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