Mardi 19 avril 1881
Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Mardi 19 Avril 81
Voilà bien longtemps, mon cher Papa, que je ne suis venue causer avec toi ; encore aujourd’hui est-il bien tard et il faut que je me dépêche beaucoup si je veux que ce petit mot aille te trouver demain. Heureusement que je n’ai que de bonnes et agréables nouvelles à te donner et c’est toujours bien plus vite fait que de dire des choses ennuyeuses demandant de longs préambules. Sache donc, mon Père chéri, que je continue à me porter à merveille ainsi que ma chère petite fille[1]. Je descends depuis Dimanche et grâce au beau temps je vais même dans le jardin[2]. Je déjeune et je dîne à table et afin de ne pas me fatiguer dans l’escalier je passe ma journée dans le cabinet de Marcel[3] où l’on m’apporte mon bébé. Cette petite Jeanne chérie continue à prospérer et à être un modèle de sagesse ; elle ne bouge pas de la nuit ; toutes ses petites fonctions sont bien réglées, elle tète, elle dort à ses heures sans déranger personne ; sauf ses petits maux aux doigts qui continuent toujours, sa santé est parfaite ; je suis sûre que tu la trouveras bien changée ; nous nous figurons presque déjà la voir rire et elle suit des yeux la lumière partout où on la met. Je suis vraiment bien privilégiée mon cher Papa, car tout pour moi et ma fille marche à souhait ; j’ai de quoi satisfaire son appétit et elle profite bien de ce qu’elle prend ; aussi je t’assure que je jouis bien de mon bonheur.
Nous avons eu hier la visite des Paul Duméril[4] qui partaient le soir pour Émalleville ; Marie m’a paru avoir bonne mine et très engraissée. Aujourd’hui Marcel a passé toute son après-midi à jardiner, à ratisser, à couper les branches mortes des arbres && aidé de ses 3 neveux[5] qui étaient enchantés. Notre jardin est très gentil et j’en jouis énormément. Le gazon est semé et Marcel a organisé tout un système de ficelles et de petits papiers pour effrayer les moineaux qui venaient enlever nos semences.
Adieu mon Père chéri, je t’embrasse de tout mon cœur. Marcel t’envoie ses meilleures amitiés et Jeanne tâche de te sourire.
Marie
J’ai reçu ce matin une très bonne lettre d’Émilie[6] qui semble s’amuser beaucoup.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mardi 19 avril 1881. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_19_avril_1881&oldid=40767 (accédée le 15 novembre 2024).
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