Mardi 16 août 1887

De Une correspondance familiale


Lettre de sœur Marie de Saint Victor (Blanchelande dans la Manche) à Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Grigny dans l'Essonne)


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+ 16 Août 1887

Blanchelande par La Haye-du-Puits[1]

Manche

Ma bien chère Émilie,

Vous savez toute la part que je prends à l’épreuve si grande que le Bon Dieu vous a envoyée[2]. Pour votre chère Tante, c’est la récompense après une vie toute de dévouement, mais pour ceux qui restent c’est un bien grand vide, je le comprends, car j’ai eu le bonheur de la connaître et de l’aimer, ce qui était inséparable. J’étais bien loin de m’attendre à cette triste nouvelle. J’ai prié et je prie encore avec vous toutes, chères petites amies, pour elle, bien que j’espère qu’elle est dans le Ciel. De là elle vous soutiendra encore et veillera sur vous comme elle le faisait sur la terre.

Je vous remercie beaucoup, chère petite Émilie, de votre offrande pour nos petites chinoises. Je n’ai pas encore reçu la lettre de Monsieur votre Oncle[3], mais dites-lui bien la part que je prends à sa douleur. C’est l’Ange de la famille qui est remonté au ciel et qui obtiendra à tous les siens les grâces qui leur sont nécessaires. Je n’oublierai pas de prier pour Monsieur Desnoyers[4], si affligé par cette séparation. Qu’il fera bon être dans le ciel où l’on ne se quittera plus et où l’on sera réunis pour toujours.

Je suis heureuse que votre petite famille[5] aille bien, ainsi que ma chère Marie[6] et ses bébés. Quand vous la verrez, embrassez-la bien de ma part et dites-lui que je prie beaucoup pour qu’elle accepte bien courageusement le malheur qui vous a frappées toutes deux ; c’était pour vous une Mère et si tendrement dévouée.

A Dieu, bien chère Émilie, je vous embrasse de tout cœur ainsi que ma chère Marie, et je suis en union de vos prières pour votre sainte tante et tous ceux que vous me recommandez.

Votre très affectionnée et toute dévouée sœur en Notre Seigneur Jésus Christ.

Marie de Saint Victor, sœur auxiliaire

Je me rappelle au pieux souvenir de Madame Pavet de Courteille[7] et de ma chère Marthe et je prends une grande part à leur douleur.


Notes

  1. L'abbaye de Blanchelande accueille depuis 1880 la communauté des Sœurs auxiliatrices du purgatoire, qui se donne en particulier pour mission le développement dans le monde (dont la Chine).
  2. La mort d'Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards.
  3. Alphonse Milne-Edwards.
  4. Jules Desnoyers, père d'Aglaé.
  5. Émilie Mertzdorff est mère de Jacques et Lucie Froissart.
  6. Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville, et sœur d’Émilie est mère de Jeanne, Robert, Charles et Marie Thérèse de Fréville.
  7. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille, et sa fille Marthe Pavet de Courteille.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Mardi 16 août 1887. Lettre de sœur Marie de Saint Victor (Blanchelande dans la Manche) à Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Grigny dans l'Essonne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_16_ao%C3%BBt_1887&oldid=52603 (accédée le 26 avril 2024).

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