Mardi 12 juillet 1887 (B)

De Une correspondance familiale

Lettre d'Eugénie Duméril, veuve d'Auguste Duméril (Saint-Brieuc), à ses nièces Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville et Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris)


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Saint-Brieuc 12 Juillet 87[1]

Quelle perte immense vous faites, ma bien chère Marie, bien chère Émilie, en cette mère bien-aimée[2], qui, a l’égal de son amie[3], puis de sa sœur[4], n’a cessé de vous prodiguer toutes les marques de sa vive tendresse, de vous diriger, sous l’impulsion d’une haute sagesse, du plus entier dévouement, vers la possession des biens impérissables, dont l’étendue du prix lui est maintenant requis.

Quel vide, quel profond déchirement, dans le cœur de son excellent mari[5], dans celui du pauvre Monsieur Desnoyers[6], qui a vu disparaître sa femme[7] et ses quatre enfants[8] !

Quelle douleur, parmi tous les siens ! Quels regrets, pour le grand nombre de ses obligés !

On se sentirait comme anéantis, si l’on n’était soutenus par les croyances que votre bien-aimée Tante vous a excellemment inculquées.

Efforçons-nous de suivre, de nos aspirations, les âmes d’élite, qui nous ont montré le chemin du ciel. Croyons leur obéir, en voulant faire trêve à l’amertume de nos sentiments, pour travailler à accomplir les pratiques dont nous avons reçu les admirables exemples.

Je n’ose écrire sitôt à votre pauvre Oncle ; mais si vous pensez pouvoir vous faire nos interprètes à son égard, exprimez-lui, je vous prie, toute la sollicitude de notre étroite, affectueuse sympathie.

Adèle[9] se joint à moi, pour vous réitérer l’expression de nos bien tendres sentiments, et pour vous charger d’en transmettre le témoignage à Marcel[10] et à Damas[11].

Votre affectionnée

Grande-Tante Eugénie.

Les R.R.P.P.[12] Franciscains célébreront demain la messe pour notre chère Aglaé.


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards, tante qui a élevé Marie et Émilie, vient de mourir.
  3. Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff, et mère de Marie et Émilie.
  4. Eugénie Desnoyers, seconde épouse de Charles Mertzdorff, amie de Caroline, elle aussi tôt décédée. Les deux orphelines ont été accueillies par la sœur d'Eugénie.
  5. Alphonse Milne-Edwards (« votre pauvre Oncle »).
  6. Jules Desnoyers, père d'Aglaé.
  7. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  8. Alfred (1834-1886), Eugénie (1837-1873), Aglaé (1839-1887) et Julien (1847-1871) Desnoyers.
  9. Adèle Duméril, épouse de Félix Soleil.
  10. Marcel de Fréville.
  11. Damas Froissart.
  12. Les Révérends Pères.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Mardi 12 juillet 1887 (B). Lettre d'Eugénie Duméril, veuve d'Auguste Duméril (Saint-Brieuc), à ses nièces Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville et Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_12_juillet_1887_(B)&oldid=53223 (accédée le 15 novembre 2024).

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