Lundi 31 décembre 1860

De Une correspondance familiale

Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa cousine Adèle Duméril (Paris)

original de la lettre 1860-12-31 pages1-4.jpg original de la lettre 1860-12-31 pages2-3.jpg


31 Xbre 1860[1]

Ma chère Adèle

C'est toi que je viens prier d'être mon interprète et celui de Charles[2] auprès de tes bons parents[3], pour leur exprimer tous les vœux sincères que nous formons pour eux dans cette nouvelle année qui s'ouvre et qui, nous le souhaitons du fond du cœur, vous apportera à tous autant de joies et de bonheurs qu'il est permis à nous autres hommes d'en espérer sur cette terre.

Un de mes souhaits bien vifs pour toi et tes chers parents, ma bonne Adèle, c'est de voir tes études si sérieuses et les peines que tu te donnes couronnées d'un plein succès, tu sais comme cette bonne nouvelle nous rendra joyeux et la part que nous y prendrons. J'espère que tout en travaillant beaucoup tu ne te fatigues pas trop et que cette vilaine petite indisposition qui t'a tourmentée ces jours-ci te laissera tranquille en commençant cette nouvelle année.

Un autre souhait que je forme et qui je l'espère bien se réalisera, c'est le bonheur de vous voir tous trois en Alsace cet été. Quel bonheur j'aurai à vous représenter notre Mimi[4] que vous reconnaîtrez à peine j'en suis sûre et comme je serai heureuse si je peux lui adjoindre un frère[5] qui quoique moins intéressant que Miky, vu son jeune âge, t'amusera bien aussi, j'en suis certaine. Je pense souvent à ce bon projet de voyage, et je m'en réjouis bien vivement, je suis sûre que notre air si vif et notre vraie vie de campagne, joints aux bonnes promenades te seront aussi salutaires que les bains de mer et je veux te faire avouer que l'Alsace est un bon pays.

Je suis bien heureuse d'avoir souvent de vos chères nouvelles par papa et maman[6] car de cœur et de pensée je suis bien fréquemment dans cette chère maison du no 13[7] si pleine de souvenirs et d'affections ; je ne puis te dire combien je suis heureuse en pensant que vous continuerez à l'habiter, c'eût été pour vous d'abord et pour nous tous un dur sacrifice de voir des étrangers sous ce toit. Demain jour plus consacré plus que tout autre à la famille et aux réunions intimes il y aura bien du vide parmi vous et il faut plusieurs années avant que le cœur sente moins amèrement que la place du chef de famille[8] est inoccupée.

Ici, comme tu le sais, la grande fête est Noël surtout pour les enfants et maman t'aura raconté les grandes joies de Miky ; vous auriez tous été heureux de la voir. Adieu ma bien chère Adèle

Je t'embrasse bien tendrement ainsi que mon oncle et ma tante[9] et Charles se joint à moi. Recevez tous trois l'assurance de notre sincère affection et crois-moi ta fidèle amie et cousine

Caroline Mertzdorff


Notes

  1. La lettre est rédigée sur papier deuil, après le décès, le 14 août, d’André Marie Constant Duméril.
  2. Charles Mertzdorff, époux de Caroline.
  3. Eugénie et Auguste Duméril.
  4. Mimi, Miki, Marie Mertzdorff, fille de Charles et Caroline.
  5. Caroline est enceinte d’Emilie Mertzdorff.
  6. Louis Daniel Constant et Félicité Duméril.
  7. 13 rue Cuvier, au Jardin des plantes (voir les adresses des Duméril).
  8. Allusion à André Marie Constant Duméril.
  9. Eugénie et Auguste Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 31 décembre 1860. Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa cousine Adèle Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_31_d%C3%A9cembre_1860&oldid=48219 (accédée le 9 octobre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.