Lundi 27 novembre 1882
Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
27 Novembre 1882.
Mon bon Père,
J’espérais pouvoir te dire aujourd’hui quelque chose de nouveau sur la santé de M. Edwards[1], mais malheureusement, c’est toujours la même chose. La fluxion de poitrine est complètement guérie, mais la jaunisse persiste toujours également fort et naturellement les forces ne reviennent pas : il ne prend qu’une petite tasse de lait coupé toutes les 2h, encore la prend-il avec dégoût et il cherche à en retarder le moment. Il est extraordinairement jaune, je ne croyais pas qu’on pût le devenir à ce point-là, sa figure est un peu brune, mais ses bras sont jaune citron. La dernière nuit n’a pas été meilleure que les autres, il est toujours agité et ne dort que le matin. C’est Mme Dumas[2] qui l’a passée auprès de lui, oncle[3] n’en peut plus quoiqu’il en dise, il a une mine horrible et sent souvent son estomac, c’est que pour lui il n’est pas facile de se reposer dans la journée et c’est à peine s’il peut avoir une ou 2 h de sommeil le matin. Si cela doit continuer, on sera peut-être forcé de prendre quelqu’un pour la nuit. En somme tu vois qu’il n’y a de progrès ni en bien ni en mal, et naturellement quand on ne voit pas de mieux, on est ennuyé. Pourtant ni M. Dewulf[4] ni M. Brouardel[5] ne semblent inquiets.
Hier nous avons eu une longue et bonne visite de Marie[6] et de sa fille, mais Jeanne a passé une partie de son temps dans le jardin car il faisait un temps superbe. Aujourd’hui il fait encore assez beau cependant tout à l’heure nous sommes sorties tante[7] et moi pour aller essayer une dernière fois chapeau et manteau avant le mariage[8] et nous avons reçu, place de l’Opéra, un bon commencement de giboulée, heureusement que nous avons trouvé tout de suite une voiture.
Tante me recommande tous les jours de ne pas oublier de te remercier pour les poires qui sont excellentes et tu juges par le nombre de lettres que tu as reçues combien elle a dû me dire de fois : petite étourdie ! Or je répare aujourd’hui ces nombreux oublis et je puis te dire que les poires se conservent bien et que tout le monde y fait grand honneur.
Oncle m’a aussi chargée de te dire qu’il avait parlé de Xavier Volmer[9] et qu’on le prendra sans doute au mois de janvier.
Adieu mon père chéri, je t’embrasse tendrement, voilà mon tour de lire à M. Edwards, tante doit avoir la gorge fatiguée.
Nos tendres amitiés et respects aux chers habitants de la maison[10].
Émilie
Notes
- ↑ Henri Milne-Edwards.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Le docteur Louis Joseph Auguste Dewulf.
- ↑ Le docteur Paul Brouardel.
- ↑ Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville, sœur d’Émilie et mère de Jeanne de Fréville.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Le mariage de Louis Target avec Thérèse Maugis le 29 novembre.
- ↑ Plutôt : Xavier Vollmer.
- ↑ Probablement les grands-parents : Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Lundi 27 novembre 1882. Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_27_novembre_1882&oldid=40481 (accédée le 6 octobre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.