Lundi 22 mai 1865 (A)
Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)
22 Mai 65
Ma chère petite Gla,
Ne te tourmente pas, ma Mie[1] va mieux ; hier elle s’est levée et a mangé pour la première fois du poulet et le tout a très bien réussi. La toux est bien diminuée depuis 24 h et maintenant le pouls est faible, aussi allons-nous progressivement tâcher d’arriver à un régime tonique ; il n’y a qu’en baillant qu’elle sent encore de la douleur. La pauvre petite est bien maigre mais les enfants reviennent vite et nous sommes bien heureux de la voir aussi bien et je remercie bien le bon Dieu. Mais croirais-tu que nous en avons tous un peu maigri !… Mais maintenant nous voici de nouveau tous avec de l’entrain et les robes de l’année dernière n’en doivent pas moins être rélargies (c’est effrayant car c’est la route de Mme <De Gatien> que je prends, de loin !)
Merci pour le chapeau, il est arrivé en très bon état ; et il est très bien et pas cher. Maintenant ces nouvelles formes ne vont pas bien, mais par derrière c’est très joli.
Pour le manteau de maman Mertzdorff[2] je te le renvoie ; aucune forme ne peut être mieux que le côté non décousu ; elle l’a essayé, l’encolure est bonne seulement il faudrait 4 cm de plus devant pour que le manteau ferme d’un côté sur l’autre et en hauteur nous aimerions 8 ou 10 cm de plus. Pour l’étoffe, « une belle soie souple épaisse et d’un beau noir. Pour la garniture (à poser je pense, à la monture) mettez frange, passementerie, guipure à ton choix ce qui sera le mieux ». Recommandation de maman Mertzdorff et du conseil de famille réunie.
Que Mme Bourrelier ne fasse pas, pour le moment, la robe que m’a donnée ma belle-mère, mais pour le reste je suis pressée, car il faut changer, mes robes de piqué sont sales et j’aimerais bien avoir mon chapeau rond pour faire quelques visites. Si on porte encore des ceintures avec les robes blanches, j’aimerais 2 ceintures bleues pour les enfants[3] mettre avec leurs robes blanches.
Puisqu’on est si aimable à la Cour Batave[4] fais-toi donner une chemise que Charles[5] pourrait essayer (tu la joindrais à mon envoi). Je crains que le cou ne soit un peu étroit et si cette chemise lui plaît j’en commanderais 2 douzaines.
De quelle chambre parles-tu ? la neuve ? la blanche ?
Camille[6] vient à Paris ! où donc est-il maintenant ? Et quelle robe as-tu acheté pour toi ?
Je en sais rien. Que je serais contente si la maison[7] se louait !
Embrasse-la bien cette bonne mère[8], cette lettre est pour elle aussi, si elle n’est pas à Paris[9], donne-lui des nouvelles de Mimi et dis-lui combien sa bonne lettre m’a encore fait de plaisir. Vous me gâtez. Les petits oiseaux se portent très bien.
A-t-on fait autre chose à la casaque que de la couper ? Renseigne-moi.
Adieu, Ma Gla. Mille tendresses de la part de moi et des miens pour toi et les <tous> nôtres.
Sœur amie
Eug.
Un bon mètre en gutta-percha[10] ?
Notes
- ↑ Marie Mertzdorff.
- ↑ Marie Anne Heuchel, veuve de Pierre Mertzdorff et belle-mère d’Eugénie Desnoyers.
- ↑ Marie et Emilie Mertzdorff.
- ↑ La Cour Batave est un magasin de confection et de modes.
- ↑ Charles Mertzdorff, époux d’Eugénie Desnoyers.
- ↑ Camille non identifié.
- ↑ La maison des Desnoyers à Montmorency.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Jeanne Target est possiblement à Montmorency.
- ↑ Substance tirée du latex végétal.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Lundi 22 mai 1865 (A). Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_22_mai_1865_(A)&oldid=40398 (accédée le 13 octobre 2024).
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