Lundi 21 janvier 1793

De Une correspondance familiale

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)


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Rouen ce 21 Janvier 1793, 2e année de la république[1]

Maman,

Que répondre à la vôtre ? elle est égarée. Voulez-vous que je vous parle de moi. Oh ! oui, ce sont de mes nouvelles que vous attendez. D'abord je me porte bien, premier point. Ce n'est pas le moins essentiel. Je ne vous dirais peut-être pas la même chose de mes culottes, mais où diable vais-je de ma santé aux culottes. Mes occupations ne sont pas minces, maintenant qu'est-ce que cela me fait je connais l'emploi du temps. Je ne me conçois pas. Avant de vous écrire, j'ai toujours mille choses à vous dire, et quand j'y suis, néant.

Le chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu[2], m’a remarqué parmi ses élèves, je vais l'aider quelquefois dans ses préparations anatomiques ; il m'a ouvert sa bibliothèque. J'ai mangé deux fois chez lui. C'est un homme de mérite.

Je ne sais si mon cou grossit ou si les cols de mes chemises se rétrécissent mais elles me gênent. Je suis un sans culottes, dans la force du terme, comme je n'aime pas à m'afficher, faites en sorte de m'en procurer une, mais pas de ces étoffes pareilles à mon habit, j'en ai eu une noire et une rouge, elles n'ont rien valu.

M. Legendre ne tardera pas à venir à Rouen. Donnez-moi de vos nouvelles, je vous prie. Remerciez papa[3] pour moi, je vous serai obligé.

Je vous embrasse

Votre fils Soumis.

Constant Duméril

P.S. Ce que c'est ces lettres de nouvel an, je sais bien que j'ai écrit à une de mes tantes Duval[4], L’aînée ou Basilice, j'ignore laquelle ; cependant, je voudrais bien dire quelque chose à l'autre, que faire.


Notes

  1. Un décret postérieur à cette lettre (4 frimaire an II- 24 décembre 1793) déclare que l’an II ne commence que le 22 septembre 1793 et que « les actes passés du 1er janvier au 26 septembre [1793] sont regardés comme appartenant à la première année de la République ».
  2. Jean Baptiste Laumonier.
  3. François Jean Charles Duméril.
  4. Possiblement Geneviève Flament, veuve de Joachim Martin Duval et Basilice Duval, qui vivent à Oisemont.

Notice bibliographique

D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 107-108

Pour citer cette page

« Lundi 21 janvier 1793. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_21_janvier_1793&oldid=57410 (accédée le 21 décembre 2024).

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