Lundi 20 mars 1871

De Une correspondance familiale

Lettre d’Antoine Théophile Duval (Amiens) à sa cousine Eugénie Duméril après la mort de son époux Auguste Duméril (Paris)

livre de copies, vol. 2, p. 641 (lettre 1871-03-20).jpg livre de copies, vol. 2, p. 642 (lettre 1871-03-20).jpg livre de copies, vol. 2, p. 643 (lettre 1871-03-20).jpg


Lettre de notre cousin Th. Duval[1], Chanoine,

Vicaire général à Amiens.

20 Mars 1871.

Ma chère cousine,

Ce n’est que bien tard, que j’ai appris votre malheur, et j’ai eu besoin, pour y croire, qu’on me l’affirmât de divers côtés. Je croyais Monsieur Duméril en parfait état de santé. Son amabilité, sa bienveillance, sa gaîté, ne laissaient pas supposer qu’il souffrît d’un mal, capable de l’emporter en si peu de temps.

Hélas, voilà donc où aboutissent tous les bonheurs de ce monde ! Plus a été douce, étroite, prospère, l’union des époux, plus est cruel le coup qui les sépare. Vos pensées s’élèvent heureusement plus haut, ma chère cousine, et c’est de ce côté, j’en suis sûr, que vous viennent les meilleures consolations. Le regret que vous pouviez avoir que M. Duméril ne partageât pas votre foi[2], ne doit pas vous ôter le ferme espoir de le retrouver un jour. Son erreur était le fruit de son éducation, plutôt que le choix de son esprit et de son cœur, et sa sincérité, sa bonne foi, sans parler des autres vertus chrétiennes qui ornaient son âme, étaient telles, que je ne doute pas qu’il n’ait appartenu de cœur à la véritable Eglise, et que Dieu, le voyant marqué au front du saint baptême n’ait reconnu en lui un de ses enfants. J’ai donc prié pour lui avec une entière confiance, au St Sacrifice de la Messe, et je me sentais bien uni à vous, ma chère cousine, dans mes prières et dans mes espérances. En attendant l’heure de le rejoindre, vous le retrouverez dans votre fille[3], si digne de son père, dans votre gendre, si bien choisi de sa main, et dans vos petits-enfants. Vous ne serez pas, n’est-ce pas, une épouse si désolée, en pensant que vous êtes une mère si heureuse.

Je vous renouvelle, ma chère cousine, et à tous les vôtres, mes sentiments bien sympathiques de regret et de tendre affection.

Th. Duval.


Notes

  1. Antoine Théophile Duval.
  2. Auguste Duméril était protestant, comme sa mère Alphonsine Delaroche.
  3. Adèle Duméril, épouse de Félix Soleil et mère de Marie, Pierre et Léon Soleil.

Notice bibliographique

D’après le livre de copies : Lettres de Monsieur Auguste Duméril 2me volume (pages 641-643)

Pour citer cette page

« Lundi 20 mars 1871. Lettre d’Antoine Théophile Duval (Amiens) à sa cousine Eugénie Duméril après la mort de son époux Auguste Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_20_mars_1871&oldid=52340 (accédée le 25 avril 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.