Lundi 20 juin 1791

De Une correspondance familiale

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)

lettre du 20 juin 1791, recopiée livre 1 page 43.jpg lettre du 20 juin 1791, recopiée livre 1 page 44.jpg lettre du 20 juin 1791, recopiée livre 1 page 45.jpg


N°4

Rouen ce lundi 20 Juin 1791

Maman,

Savez-vous que ça ne m’amuse pas de ne point recevoir de vos nouvelles. Comment est-ce que vous ne trouvez point d’occasion pour me faire passer une lettre ? Ne tardez pas d’avantage, je vous en prie, car je sens que je suis privé de beaucoup de plaisir à cause de cela. Je suis ici comme chez nous. Je cours un peu moins, mais je m’instruis plus. La femme de Ménage de Mme Thillaye[1] fait ma chambre, mon lit, mes souliers tous les jours : il faudra que je lui donne quelque chose ; réglez ma bourse, s’il vous plaît et dites à Papa[2] qu’il ne la laisse pas dessécher. Je n’ai jamais si bien connu le besoin de l’argent. Vous ignorez une chose, c’est que je vois plus lieu que jamais à être Médecin. Cette année je suis le cours de botanique ; l’année prochaine M. Thillaye me fera aller à l’hôpital, et je suivrai les cours d’anatomie et d’accouchement, qui s’y font et vous voyez que d’ici à ce que l’assemblée Nationale ait réglé quand et comment on pourra être Médecin, je pourrai avoir fini mes deux ans et être instruit. Il y a une foire ici depuis la Pentecôte, qui dure quinze jours ; j’y ai reconnu plusieurs marchands qui vont à Amiens tous les ans. Je vous fais passer cette lettre par l’ami d’un contre-maître tapissier fort honnête qui demeure vis-à-vis M. Thillaye. Je ne connais pas celui qui se charge de la lettre. Adieu, portez-vous bien.

Votre fils Constant Duméril

P.S. Dites un peu à l’abbé Joiron, à qui je fais bien des compliments, que je le charge de dire au petit Dejean[3] que je ne l’oublie pas, que j’ai du beau, mais pas d’occasion, pour lui faire passer. Bien des choses à ceux qui parleront de moi.


Notes

  1. L’épouse de Jacques François René Thillaye, née Platel.
  2. François Jean Charles Duméril.
  3. Pierre François Marie Auguste Dejean.

Notice bibliographique

D’après le livre des lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 43-45

Pour citer cette page

« Lundi 20 juin 1791. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_20_juin_1791&oldid=40363 (accédée le 9 décembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.