Lundi 19 novembre 1866
Lettre de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à sa petite-fille Marie Mertzdorff (Vieux-Thann)
Morschwiller 19 Novembre 1866
Ma chère petite Marie,
Je n’écris pas à la Maman un peu sévère qui grondait sa fille, Dimanche, pour son désordre ; non plus qu’à la dame un peu tapageuse qui se promenait dans la boue avec son amie, armées toutes deux de leurs parapluies ; ni à la marchande de poisson qui sait si bien se faire payer en bonne monnaie ; encore moins à la dame si fatiguée à qui il fallait un tabouret & qui m’a paru être une faiseuse d’embarras, mais à l’une de mes chères petites-filles[1] qui aiment toujours à faire plaisir à leurs grands-parents[2] : et je viens te prier de nous écrire une petite lettre pour nous donner des nouvelles de ta chère petite maman[3], qui ne pourra pas nous en donner elle-même si elle est encore dans son lit. Ton papa[4], lui, est trop occupé pour qu’on le dérange, Emilie est encore bien petite pour écrire, il n’y a donc que toi qui puisses nous rendre ce service.
En attendant je te raconterai que nous avons fait hier soir un assez triste retour à Morschwiller : comme il faisait beau le matin, nous avions dit à Paul[5] de ne pas venir nous chercher avec le cabriolet : nous aimions mieux revenir à pied par le clair de lune ; mais le temps avait bien changé depuis le matin & nous avons fait notre trajet en recevant beaucoup de vent dans la figure, vent qui nous couvrait de neige ; nous sommes rentrés tout blancs à la maison. Nous nous sommes vite déshabillés & nous avons été bien contents de souper dans une bonne salle à manger bien chaude. Malgré ces précautions ta bonne-maman se trouve prise ce soir d’un gros rhume de cerveau et comme elle ne se sentait pas en train d’écrire elle-même, elle m’a prié de la faire.
Bon-papa & bonne-Maman embrassent bien fort leurs deux chères petites-filles, sans craindre de leur donner ce rhume de bonne-Maman : ils envoient leurs bien tendres amitiés à Papa & Maman et ils font dire à tout le monde que si le retour n’a pas été agréable, ils sont revenus bien contents de la bonne journée qu’ils ont passée à Vieux-Thann.
Ton vieux grand-père
C. Duméril
Notes
- ↑ Marie et Emilie Mertzdorff.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité.
- ↑ Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff.
- ↑ Charles Mertzdorff.
- ↑ Paul, domestique chez les Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Lundi 19 novembre 1866. Lettre de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à sa petite-fille Marie Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_19_novembre_1866&oldid=40338 (accédée le 18 décembre 2024).
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