Lundi 17 avril 1843

De Une correspondance familiale

Lettre d’Auguste Duméril l’aîné (Lille) à son frère André Marie Constant Duméril (Paris)


d’Auguste Duméril (père)

Lille le 17 Avril 1843.

Mon cher ami,

Je viens de contremander à la mairie la publication du mariage de nos enfants[1], qui, d’après ta dernière, aura définitivement lieu le 15 Mai.

Ma déclaration sera faite dès le 29 de ce mois, et 2 ou 3 jours après, j’enverrai à Auguste un certificat qui constatera l’exécution de cette première formalité, afin que, de son côté, il puisse se procurer, à la mairie de votre arrondissement, une pièce analogue, qu’il m’adressera de suite, ou qu’il m’apportera lui-même, ce qui vaudrait mieux encore.

Je serais flatté de pouvoir t’accompagner dans le petit voyage de famille que tu te proposes de faire en Belgique, mais la position dans laquelle je me trouverai probablement alors, et les embarras que nécessitent et laissent toujours après elle une assez grande réunion de personnes, me priveront probablement de ce plaisir. J’espère d’ailleurs que ma sœur[2], malgré son premier projet, prolongera un peu son séjour ici : dis-lui que je l’en prie d’une manière toute particulière, et dans l’intérêt de sa santé même, car je sais que les voyages la fatiguent beaucoup, surtout lorsqu’ils se succèdent en peu de temps. Tu te trouveras ici avec notre frère Montfleury[3] et sa fille Eléonore, ceux-ci au moins seront dédommagés de ne pas te recevoir à St-Omer, mais il n’en sera pas de même de Mme Montfleury et des autres enfants, qui tous, sans aucune exception, à compter de Félicité sont des plus intéressants.

Je suis peiné que tu ne puisses pas accompagner tes enfants à Oisemont : c’eût été pour Désarbret[4], pour sa situation et son âge, un si grand bonheur de te voir.

J’ai appris sans étonnement, et avec un grand plaisir, la continuation du succès d’Alfred[5] à l’Université : fais-lui-en, je te prie, mes compliments, et dis-lui que j’espère le voir cette année, pendant les vacances. Son frère Eugène[6], dont les qualités personnelles sont aussi très remarquables, donne également beaucoup de satisfaction à sa famille. J’espère qu’il ne tardera pas à obtenir le titre de bachelier ès-lettres, ce qui serait un acheminement à son admission comme élève, à l’hôpital militaire d’instruction de Lille, place que je désire lui voir obtenir, dans son intérêt comme dans le mien, car l’éloignement de tous mes enfants va laisser un grand vide dans mon intérieur.

Fais, je te prie, mes meilleurs amitiés à Mme Duval[7] et aux personnes de la famille dont elle est entourée ; fais-leur connaître à tous, et en mon nom, le mariage de nos enfants, et exprime-leur bien les regrets que j’éprouve de ne pouvoir le faire moi-même.

Adieu, mon cher ami : fais mes meilleures amitiés à ma sœur[8] et à tous nos enfants, grands et petits[9].

J’ai écrit hier à ton fils Auguste, mais ma lettre, qui était relative au jour fixé primitivement pour son mariage, a été écrite trop tard, ne lui parviendra vraisemblablement que par le courrier qui sera chargé de te remettre celle-ci.

Je vous envoie à tous l’expression des sentiments d’Eugénie.

Je suis tout à toi.

Duméril.


Notes

  1. Eugénie Duméril, fille du signataire, doit épouser son cousin Auguste Duméril, fils du destinataire.
  2. Sa belle-sœur, Alphonsine Delaroche, épouse d’André Marie Constant Duméril.
  3. Florimond Duméril, dit Montfleury (l’aîné), est marié en secondes noces à Catherine Schuermans ; ils vivent à Saint-Omer et ont 13 enfants, dont Eléonore (née en 1816) et Félicité (née en 1818).
  4. Joseph Marie Fidèle Duméril dit Désarbret, frère d’André Marie Constant et d’Auguste Duméril (l’aîné), est en mauvaise santé.
  5. Alfred Duméril (né en 1825), fils de Florimond dit Montfleury (l’aîné), poursuit à Paris des études littéraires.
  6. Eugène Duméril est né en 1823.
  7. Possiblement Octavie (dite Fanny) Say, épouse de Charles Edmond Raoul Duval.
  8. Sa belle-sœur Alphonsine Delaroche, épouse d’André Marie Constant Duméril.
  9. La fille aînée d’Auguste Duméril (l’aîné), Félicité, a épousé le fils d’André Marie Constant et vit à Paris ; ils ont deux enfants, Caroline et Léon.

Notice bibliographique

D’après le livre de copies : lettres de Monsieur Auguste Duméril, 1er volume, p. 368-371

Pour citer cette page

« Lundi 17 avril 1843. Lettre d’Auguste Duméril l’aîné (Lille) à son frère André Marie Constant Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_17_avril_1843&oldid=57866 (accédée le 26 avril 2024).

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