Lundi 16 septembre 1844 (A)
Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Southampton)
280
lundi 16 septembre
Nous avons été bien joyeux ce matin mon cher ami en recevant ta lettre datée de Londres, il est toujours bon de savoir qu'une traversée sur mer s'est faite heureusement. Te voilà tout étonné du pays, des habitudes de ce pays où tu es ; et cette langue que tu n'entends pas et que tout le monde parle, tout cela te fait un effet singulier, mais n'empêchera pas j'espère que tu ne trouves bien de l'intérêt à connaître cette grande capitale dont on entend parler si souvent et un peu de ses environs ; si vous avez eu le même temps que nous, vous en aurez joui, mais aujourd'hui voilà de la pluie, je désire bien qu'elle n'aille pas où vous êtes.
Sais-tu que ta lettre, qui n'est point finie, nous a fait un singulier effet et comme elle ne nous dit pas bien des choses que tu allais sûrement nous raconter j'aime à espérer que tu auras repris la plume dès le lendemain ; C'est sûrement un départ de courrier plus prompt que tu ne le pensais qui t'a obligé de fermer ta lettre à l'instant même. J'espère que toi et mon frère[1] vous êtes tous deux très contents de votre santé et vous maintiendrez de même pendant ce petit voyage où il faut vous tenir fort en activité pour voir le plus de choses possible. J'espère bien que tu t'achètes une de ces redingotes légères qui sont à la mode en Angleterre et que tu ne te laisseras pas prendre par l'humidité afin de ne point t'enrhumer.
Lorsque notre petit Léon[2] a eu l'accès de fièvre dont t'a parlé Auguste[3] dans la lettre qu'il t'a écrite avant-hier, il couvait la rougeole qui s'est déclarée dans la nuit d'avant-hier à hier, elle chemine très heureusement, notre petit malade n'est point trop abattu et ne comprend pas toutes les précautions nécessaires sont et seront prises. Ce qui nous chagrine dans cette affaire-là c'est qu'il faudra pendant quelques semaines vivre fort séparés à cause de notre petite Adèle[4], pourtant entre parents nous nous arrangerons pour nous voir un peu dans une partie de la maison où Léon n'ait point à entrer ; à part ce cher enfant nous sommes tous bien portants et nous avons eu le plaisir de voir arriver la famille la famille Auguste d'Arras[5]. Leurs meubles arrivent aujourd'hui et seront déposés rue Guy de la brosse et il vont s'activer à chercher un logement.
Auguste parait bien heureux de se voir ici et d'autant plus que ce n'est plus le pavé qu'il aura, mais les mêmes fonctions que celles qu'il avait à Arras. L'heure et mon papier sont bien justes. Peut-être nous diras-tu si nous pouvons encore t'écrire demain pour que tu aies la lettre jeudi. Hier dimanche nous avons dîné à nous trois ce qui était un peu triste. Adieu mon cher et bon ami nos enfants et moi t'envoyons mille tendresses.
Notes
- ↑ Michel Delaroche.
- ↑ Léon Duméril, fils de Louis Daniel Constant et petit-fils d’André Marie Constant, né en 1840.
- ↑ Auguste Duméril, fils d’André Marie Constant.
- ↑ Adèle Duméril, fille d’Auguste, née le 13 mai 1844.
- ↑ Charles Auguste Duméril, neveu d’André Marie Constant, sa femme Alexandrine (dite Adine) Brémontier et leur fille Clotilde, née en 1842.
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Madame Duméril Delaroche à son mari, p. 45-47)
Annexe
Monsieur Duméril
Aux soins de Monsieur Mollet
Southampton
Pour citer cette page
« Lundi 16 septembre 1844 (A). Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Southampton) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_16_septembre_1844_(A)&oldid=40292 (accédée le 15 novembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.