Lundi 15 août 1859
Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa mère Félicité Duméril (Paris)
15 Août 1859
Ce sont de tout à fait bonnes nouvelles que je viens te donner chère Maman ; notre petite[1] est aussi bien que possible mais tu serais triste de voir sa pauvre petite figure si blanche et si tirée, pourtant ce matin sa mine est déjà revenue ; hier elle a passé l'après-midi au jardin c'était ce qui pouvait lui faire le plus bien et ce qu'elle aime le mieux ; pendant ces quatre jours de maladie, elle n'a cessé de demander à sortir ; dehors tout l'amuse, les fleurs, les arbres, les oiseaux. Voilà une épreuve que nous venons de passer avec cette chère enfant et j'ai passé des moments bien pénibles, grâce à Dieu tout cela est fini mais il faut avoir un enfant pour savoir ce que l'on souffre quand il est malade ; hier j'étais bien fatiguée de l'émotion et des cinq si mauvaises nuits que j'avais passées, aussi Charles[2] ne m'a-t-il pas laissé aller à l'église et je suis restée au lit jusqu'à 9 h. 1/2 car je sens bien qu'il me faut du repos pour avoir du lait et la petite tète beaucoup en ce moment, peut-être ce soir essaierons-nous d'une petite soupe. M. Conraux dit que c'est une enfant extrêmement nerveuse et qu'il lui faut par-dessus tout le grand air, c'est heureusement ce que nous pouvons facilement lui donner et en abondance. Ce qui l'a un peu affaiblie ce sont les grandes transpirations qu'elle a eues elle mouillait sa chemise et son bonnet comme une grande personne aurait pu le faire mais ses chaleurs ont disparu ainsi ; tu aurais été aussi bien inquiète j'en suis sûre en sentant sa tête et tout son corps en feu. Cette nuit tout était frais et faisait plaisir à tâter.
J'ai été toute triste et préoccupée de l'aventure de ce pauvre Léon[3] pourtant qu'il ne se rende pas malade, hier je le voyais toujours et avais le cœur serré. Je vous plaignais tous ; nous attendons des nouvelles avec impatience.
Georges[4] est arrivé hier au soir.
Je reviens de l'église où il y avait une grand-messe et je m'empresse de t'écrire mais Melcher[5] attend ma lettre et c'est ce qui me force de la fermer bien vite.
Nous n'avons guère beau temps ici, pour nos fêtes splendides ; il serait fâcheux qu'il en fût de même à Paris.
Adieu ma chère Maman je t'envoie ainsi qu'à papa[6] et à Léon mes plus tendres embrassements et j'attends impatiemment des nouvelles de mon cher petit frère.
Ta fille
Cette bonne Mme Cornelli avec son attachement et son dévouement à la petite nous a été bien précieuse.
Notes
- ↑ Marie Mertzdorff, âgée de quatre mois.
- ↑ Charles Mertzdorff, mari de Caroline.
- ↑ Allusion possible à l’échec de Léon Duméril, frère de Caroline, au concours de l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures.
- ↑ Probablement le jeune Georges Léon Heuchel.
- ↑ Melchior Neeff, concierge chez les Mertzdorff.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Lundi 15 août 1859. Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa mère Félicité Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_15_ao%C3%BBt_1859&oldid=40268 (accédée le 15 novembre 2024).
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