Lundi 14 novembre 1870

De Une correspondance familiale

Copies d’une lettre de Paul Duméril (Issy) à sa tante Eugénie Duméril après la mort de son époux Auguste Duméril (Paris)

original du début de la copie de la lettre 1870-11-14 (par Félicité Duméril).jpg livre de copies, vol. 2, p. 637 (page d'inter-titre).jpg livre de copies, vol. 2, p. 638 (lettre 1870-11-14).jpg livre de copies, vol. 2, p. 639 (lettre 1870-11-14).jpg


Lettre de Paul Duméril, garde mobile, au Fort d’Issy[1].

Issy le 14 Novembre 1870.

Ma bien chère Tante,

J’apprends, à l’instant, la cruelle nouvelle[2]. Le coup qui vous frappe, pour ne pas être imprévu, n’en est pas moins douloureux : ce n’est qu’en regardant la main d’où il part, que vous pouvez le supporter avec résignation. Le souvenir des sentiments chrétiens qui ont animé mon bon et cher oncle, jusqu’au dernier moment, sera votre seule consolation. Du moins, Dieu lui a épargné les souffrances, et lui a conservé, avec la vivacité de l’intelligence, le moyen de vous donner, à vous et à Adèle[3], les derniers témoignages de cette bonté, qui se répandait sur tous ceux qui l’entouraient : pour moi, qui en ai reçu tant de preuves, j’attendais impatiemment le jour où il me serait permis d’embrasser mon cher oncle. C’est pour moi un surcroît d’affliction de n’avoir pu assister aux derniers moments de mon excellent oncle. Je voudrais aussi me rapprocher de vous : une consigne inexorable ne me permet d’aller au jardin que demain.

Il faut que je me contente de me transporter, en esprit, auprès de vous et d’Adèle : de cœur, je suis avec vous, auprès des restes de mon cher oncle, absorbé dans cette tristesse de la mort, que je connais depuis longtemps[4] : Je puis dire, car je le sais par moi-même, pour ne pas désespérer, il faut détacher les yeux du cercueil, pour regarder plus haut. Vous le faites, ma chère tante, j’en suis sûr, et je joins mes vives prières aux vôtres et à celles d’Adèle, pour implorer la bonté divine, dont l’assistance ne saurait manquer, à vous, dont la vie, comme celle de mon bon oncle, s’est passée à faire le bien. Je demande aussi au bon Dieu de vous inspirer le courage et la résignation, que, dans un si cruel malheur, il vous est impossible de trouver en vous-mêmes.

Je vous embrasse, ainsi qu’Adèle, de tout mon cœur, comme je vous aime et comme je sens le besoin de vous le témoigner.

Paul Duméril


Notes

  1. Cette lettre est connue par : 1- le livre de copie où elle est précédée d’une page de titre : « Lettres diverses adressées à Madame Auguste Duméril, après la mort de son mari Monsieur Auguste Duméril, né le 30 Novembre 1812, décédé le 12 Novembre 1870 » (p. 637) ; 2- une copie faite peu après le décès, sur papier deuil, probablement par Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (« Copie de la lettre de mon neveu Paul Duméril à ma sœur »).
  2. Auguste Duméril, époux d’Eugénie Duméril est décédé le 12 novembre.
  3. Adèle Duméril, épouse de Félix Soleil et fille d’Auguste.
  4. Allusion à la mort de sa mère, Alexandrine Brémontier, épouse de Charles Auguste Duméril, en 1862.

Notice bibliographique

D’après le livre de copies : Lettres de Monsieur Auguste Duméril 2me volume (pages 638-639) et l’original d’une copie

Pour citer cette page

« Lundi 14 novembre 1870. Copies d’une lettre de Paul Duméril (Issy) à sa tante Eugénie Duméril après la mort de son époux Auguste Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_14_novembre_1870&oldid=40267 (accédée le 18 décembre 2024).

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