Lundi 12 mars 1917

De Une correspondance familiale


Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé)


original de la lettre 1917-03-12 pages 1-4.jpg original de la lettre 1917-03-12 pages 2-3.jpg


12 Mars 17[1]

Mon cher Louis,

Je ne t’ai pas donné de nouvelles depuis plusieurs jours et je me le reproche. Michel[2] a recommencé hier à se lever ; c’est te dire qu’il fait des progrès. Il n’a plus de grands pansements, mais seulement de petits emplâtres sur les plaies de l’épaule et du dos qui ne sont pas encore complètement cicatrisées, mais cela avance.

L’appartement est de nouveau bien rempli, tous les Degroote[3] étant arrivés Samedi. La bonne sœur Julie qui a soignée Made[4] est arrivée Samedi soir, mais on pense que Lucie lui donnera encore une dizaine de jours de vacances. Elle n’est pas gênante car elle va passer toutes ses journées au couvent.

Nous venons d’avoir ici une réunion de dames. MmeCumont[5] dont le mari colonel des Guides (en Belgique) est parti comme attaché militaire en Roumanie m’avait manifesté le désir de connaître ta tante Marie[6]. J’ai donc organisé une jonction ici, ajoutant à la réunion Hélène[7], mes filles[8], et deux autres cousines belges nièces de cette dame Cumont. Elise[9] nous avait préparé un exquis goûter, elle avait fleuri le salon et l’avait fait sortir de sa banalité, car en somme le pauvre salon est surtout un passage.

Nous avons eu avant-hier des nouvelles de Pierre[10] qui se dit très occupé par la mise en marche de son nouveau service à la 1ère [Batterie]. Il est content.

Jacques[11] a aussi donné de ses nouvelles à l’arrivée à Rupt[12]. Il y restera quelques jours à ce parc pour attendre le nouveau matériel avec lequel doit partir.

Que deviens-tu ? es-tu fixé quelque part ?

Tu me demandes des bandes molletières bleues ; est-ce bleu foncé (artilleur) ou bleu horizon ?

Ton papa[13] te remercie de tes explications sur les abris et de ton croquis.

J’avais écrit aux Maure pour leur dire ton départ de la Braconne. Marie en me remerciant m’annonce que comme cadeau d’adieu le général Appert[14] a fait avoir à Carl la croix de chevalier de la légion d’honneur[15].

Je t’engage à envoyer un mot de félicitations.

Je t’embrasse très tendrement cher enfant.

Emy


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Michel Froissart, frère de Louis.
  3. Lucie Froissart, son époux Henri Degroote, leurs enfants Anne-Marie, Georges et Geneviève Degroote. Elle va accoucher.
  4. Madeleine Froissart, épouse de Guy Colmet Daâge.
  5. Marie Louise Chaudoir, épouse d’Alfred Odilon Cumont.
  6. Marie Mertzdorff, veuve de Marcel de Fréville.
  7. Hélène Duméril, épouse de Guy de Place.
  8. Lucie Froissart-Degroote et Madeleine Froissart-Colmet Daâge.
  9. Elise Vandame, épouse de Jacques Froissart.
  10. Pierre Froissart, frère de Louis.
  11. Jacques Froissart, frère de Louis.
  12. Rupt-sur-Moselle dans les Vosges.
  13. Damas Froissart.
  14. Henri Appert (1851-1930).
  15. Le seul chevalier de la légion d’honneur prénommé Carl en 1917 est Carl Walter Ullern.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 12 mars 1917. Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_12_mars_1917&oldid=53222 (accédée le 5 octobre 2024).

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