Lundi 10 janvier 1898

De Une correspondance familiale



Lettre de Jean Dumas (Launay près de Nogent-le-Rotrou) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)


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Launay 10 Janvier 1898

Ma chère Marie

ta bonne lettre m’a fait grand plaisir, mais elle est venue raviver mes remords de n’avoir pas encore répondu à celle que tu m’avais si gentiment écrite pendant que j’avais la fièvre.

Hélas ma bonne Marie mon excursion en Tunisie n’a fait que m’affermir dans mon idée, et je doute qu’un voyage de Marcel[1] m’eût persuadé quelque plaisir que m’eût fait d’ailleurs sa visite.

Je m’y suis parfaitement porté, dans des conditions médiocres, et cet accès de fièvre, d’ailleurs unique, était le fait d’un accident qui aurait pu m’arriver partout ailleurs, et non la conséquence d’un état de santé général, car loin d’être fatigué et amaigri, j’engraissais un peu (à mon grand ennui).

Pour moi, le climat ne m’effraye donc pas.

Quant à Marthe[2] et aux enfants venant passer les grandes chaleurs en France ils feront en somme ce que l’on recommande aux personnes délicates, une saison d’hiver dans le Midi.

Si nous envisageons le point de vue pécuniaire, je ne m’engage pas à la légère : l’argent en Tunisie rapporte un intérêt plus élevé qu’en France (4 à 7) et les terres se louent facilement.

Je suis assuré (par ce que j’ai constaté chez mes futurs voisins) de retirer de la location des terres que je ne cultiverai pas moi-même, l’intérêt que me rapporterait en France la somme employée à l’acquisition totale, tout en me réservant 4 à 500 Hectares au moins gratuitement, pour mon exploitation personnelle. En outre la région de Mateur Bizerte[3] est appelée à acquérir par sa situation une plus-value importante indépendamment des améliorations apportées au sol par la culture.

En mettant les choses au pire et prévoyant un prompt retour en France, la perte, si perte il y avait, ce que je ne crois pas, ne pourrait être élevée.

Je pense que nous n’allons guère tarder maintenant à aller à Paris car Cécile est à peu près remise et je me réjouis à l’idée de te revoir ainsi que Marcel, de [ ] choses aux enfants[4] de notre part à tous.

J. Dumas Edwards


Notes

  1. Marcel de Fréville.
  2. Marthe Pavet de Courteille, épouse de Jean Dumas et mère de Cécile, Louise Marie, Daniel, Georges et Jeanne Dumas.
  3. Région au nord de la Tunisie.
  4. Jeanne, Robert, Charles, Marie Thérèse et Françoise de Fréville.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Lundi 10 janvier 1898. Lettre de Jean Dumas (Launay près de Nogent-le-Rotrou) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_10_janvier_1898&oldid=52423 (accédée le 28 mars 2024).

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