Jeudi 6 août 1868

De Une correspondance familiale


Lettre d’Eugénie Desnoyers (Villers-sur-mer) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


original de la lettre 1868-08-06A pages1-4.jpg original de la lettre 1868-08-06A pages2-3.jpg


Villers-sur-Mer

7 6 Août 68

Jeudi Soir

Nous voilà rentrées de Bourguignolles, notre course a très bien réussi et en rentrant à 6h le bain a pu encore se prendre, je ne puis donc pas mieux finir ma journée qu’en venant dire un petit bonsoir à mon cher mari qui est si loin, si loin de moi. Merci pour tes deux bonnes lettres l’une reçue hier soir après avoir mis la mienne à la poste, l’autre que j’ai eue ce soir en me mettant à table. C’est mon bonheur de te lire, merci pour l’exactitude que tu mets à me tenir au courant de tes pensées et de tes actions, mais je t’assure que je serai bien heureuse quand nous serons de nouveau tous les quatre ensemble et si je ne croyais pas faire du bien à nos petites filles[1] j’aurais le temps bien plus long. Ces chéries ne me quittent pas du jour et de la nuit, et il me semble qu’elles sont encore plus obéissantes, il est vrai de dire que j’ai renoncé à tout travail et qu’elles jouissent pleinement de la mer et du repos. Aujourd’hui elles étaient bien gentilles, moral et physique, et à Bourguignolles tout le monde a été charmant avec elles.

Nous sommes parties comme je te l’ai écrit, à 7h 20 après avoir déjeuné, dans une bonne calèche fermée, avec 2 bons petits chevaux qui ont fait leur 18 lieues dans leur journée et qui trottaient encore au retour.

A 10h sonnant nous entrions à Bourguignolles, nous avons trouvé M. et Mme Lafisse[2], Victorine[3] et ma Tante[4]. <Mme Roger[5]> est montée déjeuner ainsi que le petit Joseph[6] ; Chacun m’a chargée de mille choses pour toi, tu sais tu n’es pas oublié et on me parle toujours de la sympathie qu’on a pour toi. J’approuve, et ça me fait toujours plaisir. Les 5 heures que nous avions à rester là se sont très bien passées et à 3h1/4 nous remontions dans notre voiture. La route entre Lisieux et Dives est très jolie. On traverse la partie la plus riche de la Normandie, aussi belle que celle de Caen à Lisieux très accidentée.

Les enfants ont fait un petit somme en voiture et ont trouvé le bain délicieux au retour, puis on a dîné de très bon appétit, on a été ensuite retenir, dans la maison qu’occupe Mme Dumas[7], 2 chambres pour Lundi pour M. et Mme Lafisse qui viendront passer ces 2 jours avec nous, et maintenant tout dort, il n’y a que ta petite femme qui veille pour avoir le plaisir de causer avec toi.

Alphonse[8] a écrit aujourd’hui à Aglaé pour dire qu’il a décidé Julien[9] à revenir mais que voyant maman[10] un peu souffrante hier matin, il est resté et ne devait partir qu’aujourd’hui, mais une dépêche aujourd’hui nous dit que le grand jeune homme est dérangé et ne viendra que demain.

J’espère que tout cela n’est rien de grave. Maman était reprise de sa gorge et gardait le lit hier matin. J’ai le cœur tout serré en pensant combien cette bonne petite mère est facilement reprise maintenant de malaises. Que faire ?

La saison de bain a réellement fait beaucoup de bien à Aglaé et je crois bien qu’elle va en faire une seconde.

Décidément, mon cher Ami, si tu ne peux pas nous arriver de suite je t’engagerais plutôt à ne pas prendre cette grande fatigue de deux voyages aussi longs de suite, et à me laisser rentrer seule avec mon petit monde. Je partirais d’ici le Jeudi 13 (avant la foule se dirigeant sur Paris), je resterais avec Maman les 14-15-16, le 17 Lundi je ferais courses dans Paris comme dentiste[11], et achats et le 18 je partirais

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Notes

  1. Marie et Émilie Mertzdorff.
  2. Constance Prévost et son époux Claude Louis Lafisse.
  3. Victorine Duvergier de Hauranne, épouse de Paul Louis Target.
  4. Éléonore Pauline Lebret du Désert, veuve de Louis Ange Guy Target.
  5. Personne non identifiée.
  6. Personne non identifiée.
  7. Cécile Milne-Edwards épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
  8. Alphonse Milne-Edwards, époux d’Aglaé Desnoyers.
  9. Julien Desnoyers.
  10. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  11. Visite chez Ernest Pillette.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Jeudi 6 août 1868. Lettre d’Eugénie Desnoyers (Villers-sur-mer) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_6_ao%C3%BBt_1868&oldid=61688 (accédée le 10 novembre 2024).

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